Afrik.com, en partenariat, avec la librairie Anibwé, hôte de l’évènement a organisé jeudi dernier, à la veille de l’ouverture du Salon du livre une soirée littéraire autour de l’écrivain camerounais, Calixthe Beyala. Retour sur une rencontre jugée digne d’intérêt par les participants.
C’est dans le cadre convivial de notre partenaire, la librairie Anibwé, pour cette soirée littéraire autour de l’œuvre de Calixthe Beyala que l’auteur s’est livré, jeudi dernier, au jeu des questions-réponses face à son public. C’est une Calixthe Beyala, égale à elle-même, c’est-à-dire qui ne mâche pas ses mots, qui a répondu avec beaucoup de sincérité à l’assistance. A la faveur des questions de celle-ci, l’écrivain est revenu sur son enfance dans les bidonvilles de Douala, son amour inconditionnel pour feue, sa grande soeur pour laquelle elle s’évertue à obtenir sa licence de lettres. Son premier roman, C’est le soleil qui m’a brûlée, est « une longue lettre » dit-elle à cet être cher trop tôt disparue. Un livre qui a failli ne jamais être publié puisque le manuscrit avait fini dans la poubelle à l’instar d’innombrables pages écrites par la Camerounaise qui n’en garde, en définitive, qu’une petite partie. Elle évoque avec une certaine lassitude, semble-t-il, cette frénésie d’écrire qui s’empare d’elle quelquefois et qui lui donne parfois l’impression de passer à côté de certaines choses de la vie. Car elle débute jeune, à environ 23 ans, dans le métier.
Fière, lasse mais toujours digne d’intérêt !
Sa jeunesse sera donc exclusivement consacrée à l’écriture, un travail acharné qu’elle revendique haut et fort. Comme son statut de femme noire. En tant que telle, elle savait que le chemin serait difficile et elle rappelle comment, au lieu de parler de ses livres à ses débuts, Le Monde s’attardait plus sur ses « belles jambes » que ses talents d’écrivain. Mais aujourd’hui, elle estime avoir su imposer le respect. Qu’en est-il de son engagement pour la cause noire en France, la place de la femme noire dans sa littérature ? Des sujets qui lui sont chers. Pour elle, l’Afrique est en train de perdre ses femmes alors qu’elles représentent l’essence de toute société. Certaines d’entre elles sont désormais gouvernées par l’argent et leurs yeux inexorablement tournés vers l’Europe ; à la quête d’un fils du Vieux Continent qui leur ouvriront les portes d’un paradis supposé, point final à leur vie de misère. Un phénomène qu’elle a décrié dans son pays natal, le Cameroun. C’est aussi un écrivain conscient des limites de sa plume qui s’est livré. « Si on arrive à faire bouger un peu les choses, c’est déjà pas mal », estime la femme de lettres.
Au total, c’est une rencontre qu’auront, dans l’ensemble, apprécié les personnes présentes comme Jean-Baptiste qui connaît bien l’auteur. « C’était une discussion franche et intéressante même si je ne partage pas toujours son avis notamment sur l’affaire Dieudonné. Au-delà de l’écrivain, note-t-il, Calixthe Beyala est une personne vraie dont je salue l’action : celle de mobiliser les Noirs. Autrement nous n’existons pas ». Nicolas, lui découvrait l’auteur, «je ne savais pas à quelle sauce on allait être mangé. J’ai aimé son franc-parler et son fort tempérament . Je ne partagerai pas avec elle ma cuisine car les oignons risqueraient de voler dans tous les sens. Pour Annick, sa présence s’inscrit dans une démarche plus profonde : une quête identitaire. « Calixthe Beyala est camerounaise et moi je le suis à moitié. J’ai voulu connaître un peu mieux cette femme médiatique, son œuvre et en savoir un peu plus sur l’auteur. J’ai découvert une femme dynamique, une femme socle, une « Fam Poto Mitan » comme on le dit en Guadeloupe ». Même son de cloche chez Jessica. « J’aime les femmes noires comme ça ». Que dire de plus ? Si ce n’est peut-être emprunter les mots d’Hervé : « le débat a été suffisamment intéressant pour que je sois resté jusqu’à la fin ». En tout cas merci Dame Beyala d’avoir accepté l’invitation d’Afrik et de la librairie Anibwé et de nous avoir livré un peu de vous-même. Quant à vous, chers internautes, merci d’avoir été des nôtres et à très bientôt sur Afrik.