Hier, j’ai pris le métro à Paris et j’ai été choquée. Pas par la crasse ni la mendicité. J’ai été choquée par une publicité. Son visuel est simple : des jouets en boîtes de conserve comme en fabriquent les gosses d’Afrique et d’ailleurs, lorsque cet ailleurs ne leur offre rien d’autre que des bouts de tôles rouillées pour jouer.
Son slogan : « Malongo rend hommage à l’imagination des enfants des rues des pays producteurs de café ». Monsieur-les-cafés-Malongo, si vous rendiez hommage à l’imagination des enfants tout court, votre publicité serait passée – presque -inaperçue, mais vous avez préféré, avec un cynisme cruel, parler des enfants que vous avez vous-même mis dans la rue. Dans les rues.
Le publicitaire de génie qui a réussi à vous vendre cette idée, a sûrement mis en avant le côté « exotique » qu’il y aurait à exhiber les petits jouets en tôle fort à la mode chez les jeunes parisiens branchés. Mais au-delà du folklore, il y a cette référence obscène à l’exploitation que vous faites des pays producteurs. Si vous achetiez le café à son juste prix, peut-être y aurait-il moins « d’enfants des rues ».
Votre réclame a un goût amer. Se servir de la misère dont on profite pour faire sa propre publicité est assez paradoxal. J’espère que je ne serai pas la seule à trouver cela déplacé, et que votre message publicitaire ne s’étalera bientôt plus sur les murs du métro parisien, déjà assez sales comme ça.
Esprit bien-pensant, vous vouliez faire du « politiquement correct ». Contentez-vous d’être « économiquement correct », ça sera déjà beaucoup. Vous rêviez déjà à votre image rehaussée par cet « hommage ». Vous n’avez réussi qu’à la rendre aussi noire que le breuvage que vous produisez. Noire et trouble.
Encore un distributeur de café qui exploite le préjugé (que l’on aurait espéré désuet !) de la supériorité de « l’homme blanc » face à l’indigène qui doit subir des slogans comme « Gringo, il est pas bon ton café ! ». Eh bien Monsieur-les-cafés-Malongo, elle est pas belle ta publicité.