
Malgré les pressions et une reconnaissance toujours contestée à la tête de son parti, Cabral Libii lance sa collecte pour la présidentielle camerounaise de 2025. Face à un dispositif policier dissuasif, le candidat du PCRN appelle à la mobilisation citoyenne pour financer sa campagne et défendre l’État de droit.
À moins de six mois de la convocation du corps électoral pour la présidentielle de 2025, la tension monte au Cameroun. Le député Cabral Libii, président contesté du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), a officiellement lancé une campagne de levée de fonds pour sa candidature. Une initiative marquée par une présence policière inhabituelle et une détermination intacte, malgré les obstacles politiques et juridiques qui pèsent sur lui.
Une levée de fonds sous haute tension
Le lancement de la collecte de fonds s’est déroulé au siège du PCRN à Yaoundé, dans une ambiance électrique. Des forces de l’ordre, massivement déployées à l’intérieur comme à l’extérieur du bâtiment, ont semé le doute sur la tenue de la cérémonie. Des rumeurs d’interdiction ont brièvement circulé avant que la situation ne se calme, après un échange à huis clos entre les organisateurs et les autorités présentes. Finalement, Cabral Libii a pu prendre la parole, dénonçant « un acharnement » contre sa personne et son parti. Face à ce qu’il qualifie de « persécution », le député a réaffirmé sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle, en dépit de l’absence de reconnaissance officielle par le ministère de l’Administration territoriale.
Le leader du PCRN a profité de l’événement pour appeler ses militants, sympathisants et l’ensemble des Camerounais à s’unir autour de son projet politique. Le budget de campagne, dont le montant exact reste à préciser, sera financé par des contributions populaires, avec un plancher fixé à 2 000 FCFA. Cabral Libii insiste sur le fait que cette initiative ne constitue pas une levée de fonds publique au sens de la loi de 1983, mais bien une mobilisation volontaire conforme au Code électoral. Les modalités de participation ont été communiquées, incluant des numéros de téléphone et des comptes bancaires pour recueillir les contributions, aussi bien au Cameroun que dans la diaspora.
Une candidature toujours en sursis
Si Cabral Libii affiche sa détermination, sa candidature reste juridiquement fragile. Le gouvernement refuse toujours de reconnaître sa présidence du PCRN, lui opposant une direction concurrente incarnée par Robert Kona, co-fondateur du parti. Pour Cabral Libii, la justice a pourtant tranché en sa faveur. « Si dans un pays les décisions de justice ne suffisent plus pour trancher les contentieux, alors que reste-t-il ? », s’est-il interrogé, appelant au respect de l’État de droit. En attendant la convocation du corps électoral, sa position reste incertaine, mais il continue de se battre pour apparaître sur la ligne de départ du scrutin.
Cabral Libii devient ainsi le troisième candidat déclaré à lancer une opération de levée de fonds pour la présidentielle de 2025. Avant lui, Maurice Kamto du MRC, arrivé deuxième en 2018, a fixé l’objectif de sa collecte à plus de six milliards de FCFA, tandis que Jean-Blaise Gwet du MPCC vise près de neuf milliards. Cette dynamique inédite dans l’opposition camerounaise témoigne d’une volonté croissante de s’appuyer sur les ressources citoyennes pour défier un système électoral dominé depuis quatre décennies par le président Paul Biya.