Ça chauffe entre la France et l’Algérie


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Conflit France Algérie
Conflit France Algérie

La France a décidé d’imposer des mesures restrictives à l’encontre de certains dignitaires algériens. De son côté, l’Algérie, qui déplore ne pas avoir été consultée avant cette décision de Paris, menace d’appliquer une mesure de réciprocité.

Les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont une nouvelle fois tendues à la suite de l’annonce, par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de l’adoption d’une mesure de restriction sur l’octroi de visas. Cette décision a suscité une vive réaction du gouvernement algérien, qui a exprimé son étonnement par la voix de son ministère des Affaires étrangères. Selon Alger, aucune communication préalable n’avait été faite concernant ces mesures, alimentant ainsi un sentiment de méfiance.

Une violation des usages diplomatiques selon Alger

Le communiqué officiel du ministère algérien a souligné que l’Algérie n’avait pas été informée de ces mesures, en dépit des obligations prévues par l’accord bilatéral entre les deux pays concernant l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service. Alger considère cette omission comme une violation des normes diplomatiques. De plus, le gouvernement algérien rappelle que, par le passé, seules deux explications avaient été demandées aux autorités françaises sur des incidents similaires, qualifiés d’« incidents malheureux » résultant d’une défaillance dans la chaîne de commandement.

L’importance du principe de réciprocité dans la diplomatie algérienne

Le ministère algérien a réagi en affirmant que ces mesures seraient suivies d’une réponse proportionnée. « Toute action portant atteinte aux intérêts de l’Algérie sera répliquée de manière stricte et immédiate », indique le communiqué. Cette déclaration souligne l’attachement de l’Algérie au principe de réciprocité et à la protection de sa souveraineté nationale face à ce qu’elle qualifie d’attaques injustifiées.

Cette affaire intervient alors que les relations entre les deux pays sont marquées par une série de tensions, notamment liées à des différends politiques et mémoriels qui perdurent depuis des décennies. Parmi les sujets sensibles figurent la question des archives de la guerre d’indépendance, la restitution des biens confisqués aux Algériens durant la colonisation, ainsi que la reconnaissance par la France des crimes coloniaux. L’Algérie réclame également des réparations pour les essais nucléaires français menés sur son sol.

Un passif de tensions récentes

En 2024, les relations franco-algériennes se sont encore détériorées après la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Ce choix a profondément irrité le gouvernement algérien. En réponse, l’Algérie a rappelé son ambassadeur et annulé une visite officielle du président Abdelmadjid Tebboune à Paris. Ce geste a marqué une nouvelle étape dans la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays.

D’autres contentieux récents ont encore alimenté les tensions. L’incarcération de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal et les expulsions ratée d’influenceurs, dont l’influenceur algérien Doualemn, ont ravivé les tensions à Alger.

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a évoqué un « rapport de force » avec l’Algérie pour justifier la fermeté de Paris sur ces dossiers.

Abdelmadjid Tebboune dénonce des déclarations hostiles

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dénoncé des déclarations françaises « hostiles » et jugé le dialogue avec Paris stérile. Selon lui, les relations bilatérales sont désormais figées et ne progressent que sur le plan commercial. « Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il ajouté, tout en regrettant l’absence de progrès sur des dossiers importants tels que la mémoire coloniale et les réparations pour les victimes des essais nucléaires.

Alger affiche sa détermination à ne pas céder et met en garde contre d’éventuelles « conséquences incalculables » sur la coopération bilatérale. Les autorités algériennes dénoncent ce qu’elles considèrent comme des tentatives de manipulation politique interne en France, notamment en lien avec l’extrême droite, qui joue un rôle de plus en plus prépondérant dans la définition de la politique étrangère française vis-à-vis de l’Algérie.

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