La journaliste antillaise Katia Barillot retrouve l’antenne après 5 ans d’absence. On peut désormais la retrouver toute la semaine dans l’émission « C’est mieux le matin » sur France 3. Qu’a-t-elle fait entre temps ? Comment a-t-elle vécu son anonymat médiatique depuis Canal Plus ? Elle revient pour Afrik sur son retour au petit écran. Interview.
Le paysage audiovisuel français retrouve Katia Barillot. La journaliste guadeloupéenne, ancienne de Canal Plus, a repris du service télévisuel après 5 années d’absence. Elle officie tous les jours, depuis le 3 septembre dernier, dans l’émission « C’est mieux le matin », du lundi au vendredi (sauf mercredi) de 10h25 à 11h15 sur France 3 Île de France-Centre. Un décrochage régional de l’émission nationale qui remporte d’ores et déjà un franc succès avec 15% d’audience sur sa tranche.
Afrik.com : Vous avez disparu de l’antenne pendant 5 ans. Qu’avez-vous fait pendant ce laps de temps ?
Katia Barillot : J’ai quitté l’antenne de Canal Plus à la suite du vaste plan social de Jean-Marie Messier en 2002. J’ai immédiatement changé de branche. J’ai été, pendant deux ans, conseillère technique chargée de la presse et de la communication au Ministère des Affaires Etrangères, auprès du ministre de la Coopération et de la Francophonie Pierre-André Wiltzer. J’ai ensuite renoué avec le journalisme pour le magazine Shenka (aujourd’hui disparu, ndlr). L’année dernière, j’ai travaillé au sein de rédaction d’ M6 en tant que programmatrice du « 12.50 », le journal de la mi-journée de la chaîne. Entre temps j’ai connu le bonheur d’être maman.
Afrik.com : L’antenne ne vous a pas manqué ?
Katia Barillot : Pas vraiment. C’est quand je suis entré à M6 que la question a commencé à me titiller. Je ne suis pas très sûre de moi, plutôt portée sur le doute. Et c’est vrai qu’il y a une dimension narcissique dans l’antenne. C’est comme un antiride : ça regonfle l’égo. Ceux qui font de l’antenne ont souvent quelque chose à prouver ou à se prouver. Tant que je travaillais auprès de Pierre-André Wiltzer, je ne me suis pas posée de question. Car je travaillais au sein d’un cabinet ministériel. Je faisais directement partie des personnes que le ministre consultait pour prendre ses décisions concernant sa « com ». C’était très valorisant. Quand je suis retournée à la télé, je n’étais toujours pas obnubilée par un retour à l’antenne. Car, là encore, j’ai eu la chance de travailler dans un cadre vraiment stimulant. J’étais en charge des invités pour le journal de M6, en période pré-électorale présidentielle. C’était un véritable challenge, d’autant qu’il s’agissait d’une période charnière, d’un passage de génération au niveau politique. Ça m’a permis de rencontrer beaucoup de monde. De plus, je travaillais avec une équipe géniale, jeune et dynamique : Caroline Hervy et Stéphane Gendarme, les rédacteurs en chef, et la présentatrice Nathalie Renoux (ex- LCI), sous la supervision de Jérôme Bureau, le directeur de l’info. J’étais très heureuse de ce que je faisais, j’ai appris beaucoup, cela a ajouté des cordes à mon arc.
Afrik.com : Comment avez-vous retrouvé le chemin de l’antenne ?
Katia Barillot : J’ai débuté la télévision à France 3 Île de France-Centre, où je co-présentais avec Paul Wermus l’émission people « W et Compagnie », j’ai ensuite présenté la météo et un bulletin sur l’environnement sur la chaîne. Donc, j’y connais un peu de monde. L’année dernière, j’avais conseillé à une amie d’aller voir Pierre Milli, le directeur de l’Antenne, parce qu’il a donné sa chance à plein de gens, autant d’ailleurs ceux issus de la diversité que les autres. Quand elle l’a vu, il lui a demandé comment j’allais et lui a dit qu’il aimerait bien que je passe le voir. C’est comme ça j’ai renoué le contact. J’y suis allée sans arrière-pensées, juste pour faire un coucou. Ce n’était pas un rendez-vous professionnel. Il m’a juste dit : « On va travailler ensemble. ». Et me voilà à « C’est mieux le matin » où j’interviens en renfort de l’animateur principal Eric Jeanjean : je fais chaque jour un portrait de l’invité et j’interviens tout au long de l’émission, comme le font les autres chroniqueurs également présents en plateau.
Afrik.com : Quel est le principe de l’émission ?
Katia Barillot : C’est une émission de proximité, avec des chroniqueurs couvrant chacun une rubrique : consommation, mode, culture, bons plans, bricolage, etc.
Afrik.com : Avez-vous déjà des réactions sur votre retour à l’antenne ?
Katia Barillot : Oui, j’ai reçu quelques coups de fil et des messages de personnes qui m’ont retrouvée à l’écran pour me dire que c’était sympa de me revoir. C’est vrai que quand j’ai quitté l’antenne, je n’ai plus eu de nouvelle de certaines personnes. Elles partaient, sans doute, du principe que si elles ne me voient plus à la télé, c’est que je n’existe plus ! Mais elles n’étaient pas si nombreuses.
Afrik.com : Vous avez un style à l’antenne, alliant légèreté et pertinence. Revendiquez-vous cette personnalité cathodique ?
Katia Barillot : Je trouve qu’on peut être à la fois drôle et pertinent. J’aime bien apporter de la bonne humeur, c’est ma façon de me lier avec les gens. Je suis assez pudique et j’efface cela avec un brin d’humour.
Afrik.com : Quels types d’émissions aimeriez-vous présenter ?
Katia Barillot : Une émission pour les filles du genre Frou Frou ( ancienne émission télé populaire française centré sur les femmes et présentée par Christine Bravo et toute une série de chroniqueuses, ndlr). Un programme pratique et ludique pour les femmes. Pour les aider à rendre leur quotidien plus facile en leur apportant info et bonne humeur. La joie de vivre, c’est très important.
Afrik.com : Vous voyez votre carrière uniquement à la télévision ?
Katia Barillot : Non. Je souhaite me nourrir d’autres choses, comme continuer à écrire des articles pour la presse ou faire de la radio pour rester plus en contact avec le terrain. L’antenne c’est très égocentrique, il faut sans cesse faire attention à son image.
Afrik.com : En parlant de votre image, avez-vous connu la discrimination en tant que journalise noire ?
Katia Barillot : Oui, même si ça n’est jamais ouvertement exprimé. J’ai souvent senti des réticences. Je trouve que c’est une fausse excuse de dire que les téléspectateurs ne sont pas prêts voir des Noirs, des Arabes ou des Asiatiques à la télé. Et si c’était le cas, je serais favorable aux quotas pour assurer une égalité des chances. Parce que c’est le rôle de l’Etat de faire progresser la société, comme ont pu, notamment, le faire Simone Veil et Valéry Giscard d’Estaing sur la question de l’interruption volontaire de grossesse (avortement, ndlr), François Mitterrand avec l’abrogation de la peine de mort ou plus récemment la loi sur la parité hommes-femmes en politique.
Afrik.com : Trouvez-vous que les choses ont avancé en matière de représentation des minorités visibles à la télé en France ?
Katia Barillot : Les choses ont avancé. Il y a quelques grands rendez-vous d’antenne avec des hommes et des femmes noirs, comme Harry Roselmack sur TF1, qui assure notamment l’intérim de Patrick Poivre d’Arvor pour le 20 H, le journal télé le plus populaire d’Europe. Il y a, entre autres, quotidiennement Audrey Pulvar sur France 3 à 19h ou Karine Lemarchand sur France 5. C’est une très bonne chose dont je me réjouis.