Après des mois de tensions et de bras de fer, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont acté, ce dimanche, la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’organisation régionale.
Une décision lourde de conséquences, bien que la porte reste ouverte pendant une période de transition de six mois. Cette étape marque une nouvelle ère dans les relations entre ces pays et leurs voisins ouest-africains.
Un processus de retrait encadré
Lors du sommet tenu à Abuja ce dimanche, les dirigeants de la Cédéao ont fixé un calendrier précis. À compter du 29 janvier 2025, les trois pays sahéliens ne seront probablement plus membres de l’organisation. Une période de transition allant jusqu’au 29 juillet 2025 leur offre cependant une ultime chance de rétractation. Durant ces six mois, Omar Alieu Touray, président de la Commission de la Cédéao, supervisera les démarches administratives et organisationnelles. Cela inclut notamment la réaffectation des salariés originaires de ces pays et le déménagement des agences communautaires situées sur leurs territoires.
Un départ dicté par les juntes militaires
Depuis les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ces pays ont progressivement pris leurs distances avec la Cédéao. Ils reprochent à l’organisation son incapacité à répondre aux défis sécuritaires majeurs dans la région et à sa politique de sanctions. Les dirigeants, jouant souvent un coup d’avance, ont annoncé leur retrait dès janvier 2024, ce qui met la Cédéao dans une position délicate.
Face à cette rupture, la Commission s’inspire des précédents, notamment le cas de la Mauritanie, qui avait quitté l’organisation en 2000. Cependant, la situation actuelle est bien plus complexe, marquée par des enjeux de sécurité, d’unité régionale et de libre circulation.
Les défis pour la Cédéao et ses membres
La sortie de ces trois pays représente une perte considérable pour la Cédéao, notamment en matière de libre circulation des personnes et des biens. Avec un total de 70 millions d’habitants, le Mali, le Burkina et le Niger constituent une part importante de la communauté économique et de ses échanges transfrontaliers.
Pour les populations, l’avenir reste incertain : comment les visas, le commerce et la coopération régionale seront-ils affectés ?
En réponse, la Cédéao a maintenu une posture d’ouverture et appelé à la poursuite des médiations. Les chefs d’État, sous l’impulsion du président nigérian Bola Ahmed Tinubu, insistent sur la nécessité de préserver l’unité et la solidarité au sein de la région.
Un dernier sursis pour le Mali, le Burkina et le Niger ?
Malgré l’annonce officielle, tout n’est pas encore joué. Les six mois de transition laissent place à une possibilité de révision. Le Sénégal et le Togo, fervents défenseurs de la médiation, continuent de dialoguer avec les dirigeants militaires. L’objectif ? Trouver une solution pour éviter une fracture définitive.
Cependant, les tensions politiques internes et les divergences idéologiques risquent de compliquer les discussions. À partir du 30 juillet 2025, sauf retour de situation, la sortie de ces trois États deviendra irrévocable.