Après les manifestations contre le troisième mandat du Président burundais Pierre Nkurunziza et les négociations qui ont débuté sous la médiation de la Communauté d’Afrique de l’est (EAC) interrompues pendant l’élection présidentielle, le chef de l’Etat s’est dit prêt à former un gouvernement d’ « union nationale ». L’opposition reste sur ses gardes.
Le Président Pierre Nkurunziza a annoncé vouloir former un gouvernement d’union nationale et relancer le dialogue national avec les « partis politiques qui ont participé aux différents scrutins ». Alors qu’une des principales figures de l’opposition, Agathon Rwasa, a intégré le processus de normalisation lancé par le gouvernement, Léonard Nyangoma, président d’une large coalition de partis politiques anti-troisième mandat s’alarme de la situation politique et sécuritaire qui règne au Burundi.
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Tentative de normalisation
L’heure est à la normalisation pour le pouvoir incarné par le Président Pierre Nkurunziza. Il a personnellement demandé une enquête sur le passage à tabac d’un de nos confrères correspondant de RFI et de l’AFP au Burundi, Esdras Ndikumana, alors qu’il était sur les lieux de l’assassinat du général Adolphe Nshimirimana, le 2 août dernier. « La présidence de la République condamne ce comportement violent et inacceptable dans un Etat de droit », rapporte un communiqué de la présidence, signé du conseiller principal du chef de l’Etat, Willy Nyamitwe. Pierre Nkurunziza a « instruit l’Administrateur général du service national de renseignement de déterminer d’urgence les circonstances des actes d’un autre âge afin que les auteurs soient poursuivis et châtiés conformément à la loi », poursuit le texte.
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Le parti au pouvoir, le Cndd-Fdd, saluant le « miracle divin » de la réélection du chef de l’Etat le 21 juillet dernier a annoncé, dans un communiqué, la mise en place d’un gouvernement « d’union nationale ». Seulement une large partie de l’opposition risque d’en être exclue car il s’agira notamment des « partis politiques qui ont participé aux différents scrutins ». Alors que les négociations s’étaient ouvertes sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’est (EAC) et la médiation du Président ougandais Yoweri Museveni, elles avaient été interrompues par la politique de la chaise vide pratiquée par le pouvoir qui n’en démord pas : « Certains partis politiques, certaines organisations de la société civile ont voulu se cacher derrière ce dialogue pour en fin de compte parachever leur projet maléfique de renverser les institutions démocratiquement élues ».
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« Il a déclaré la guerre au peuple burundais »
Le Cndd-Fdd reproche à l’opposition la formation, parallèlement au dialogue avec le gouvernement, d’une large coalition d’opposition début août : le Comité national pour le respect des accords d’Arusha et le respect de la Constitution et de l’Etat de droit (Cnared), avec à sa tête Léonard Nyangoma, opposant historique et un des fondateurs du parti au pouvoir. « Le régime en place à Bujumbura veut à tout prix rester au pouvoir, il a déclaré la guerre au peuple burundais qui résiste avec une grande dignité », a-t-il récemment déclaré.
Il s’est alarmé de la dégradation de la situation « politique » et « socio-économique », critiquant la répression que subit les opposants au troisième mandat de Pierre Nkurunziza. « Le pays est tranquille dans tous ses coins et recoins », a rétorqué le parti présidentiel.