Depuis deux mois, le Burundi, l’un des pays les plus pauvres du monde, est plongé dans une crise socio-économique sévère due à une pénurie de produits pétroliers, notamment l’essence et le gasoil. Cette situation a amené le journal indépendant Iwacu à titrer « Burundi, un pays à genoux », reflétant l’ampleur de la crise qui paralyse le pays.
Le quotidien des chauffeurs et des passagers
À la gare routière de Ngozi, vers 10h00, l’ambiance est morose. La plupart des bus sont à l’arrêt, faute de carburant. Un chauffeur, qui a réussi à s’approvisionner sur le marché noir, partage son désarroi à nos confrères de RFI : « Cela fait 25 ans que je conduis des passagers, mais c’est la première fois que je vis une telle pénurie, je le jure ! Avant, c’était facile, il y avait de l’essence dans les stations et on pouvait faire le plein quand on voulait, pour pas cher ! Nous demandons que la situation redevienne comme avant. Nous allons mourir de faim !«
Les prix des transports ont explosé, obligeant les passagers à débourser des sommes exorbitantes pour des trajets autrefois abordables. Un passager se lamentant sur le coût du trajet vers Bujumbura, habituellement à 15 000 francs burundais, mais désormais à 40 000 francs, exprime le sentiment général : « Ce qui se passe aujourd’hui dépasse l’entendement de n’importe qui au Burundi !«
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Les répercussions sur la vie quotidienne
Les conséquences de cette pénurie ne se limitent pas aux seuls transporteurs et passagers. Le député Athanase Hatungimana a récemment demandé l’écourte de la plénière pour permettre aux députés de rentrer tôt en raison du manque de carburant : « Je voudrais demander à mes frères députés de ne pas continuer à déranger le président de la Cour des comptes avec leurs questions. Il faut les poser demain au ministre des Finances, car c’est lui qui a les réponses. Mais surtout, sachez qu’il y en a qui doivent rentrer à pied. Qu’on nous laisse partir tôt.«
Un gouvernement en quête de solutions
Face à cette crise, le ministre burundais des Finances a admis ne pas avoir de solution immédiate, expliquant que le gouvernement cherche encore les devises nécessaires pour importer le carburant dont le pays a besoin. Cette déclaration a laissé les citoyens dans l’incertitude et l’inquiétude quant à l’avenir proche.
Une lueur d’espoir ?
Malgré cette situation critique, une annonce récente du gouvernement a laissé entrevoir une lueur d’espoir. Les prix de l’essence ont légèrement baissé, passant de 4350 à 4000 francs burundais le litre, et ceux du diesel et du kérosène ont également diminué.
Cette réduction de prix est attribuée à une baisse des coûts de transport des hydrocarbures par bateau depuis les raffineries jusqu’au port de Dar Es Salam en Tanzanie en février 2024. Cependant, avec un taux d’inflation qui atteint 27%, cette baisse reste insuffisante pour apaiser les souffrances des Burundais.
L’avenir est encore incertain
Alors que le Burundi continue de chercher des solutions pour surmonter cette pénurie de carburant, la population reste suspendue à l’espoir d’une amélioration rapide. Les défis économiques et logistiques sont énormes, mais la résilience des Burundais face à cette adversité montre leur détermination à surmonter cette crise. Le temps nous dira si les efforts du gouvernement porteront leurs fruits et si le pays pourra retrouver une stabilité tant attendue.