Burundi, Tanzanie : focus sur le rapprochement entre Evariste Ndahishimiye et John Magufuli


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John Magufuli et Evariste Ndahishimiye
John Magufuli et Evariste Ndahishimiye

Trois mois après son investiture, le Président burundais, Evariste Ndahishimiye, prend ses marques dans les challenges diplomatiques. Multiplication des rencontres avec des diplomates, et quête du renforcement des liens avec d’autres Etats, le successeur de feu Pierre Nkurunziza veut mettre fin à « l’isolement politique » du Burundi.

Rencontre avec des diplomaties, dont de l’Union Européenne, tenir tête au Rwanda du tout puissant Paul Kagame, visite en Tanzanie et annonce du rapprochement avec  le très respecté John Magufuli. Tels sont les éléments avant-coureurs de cette ouverture politique. Désormais, ceux qui pensaient qu’Evariste Ndahishimiye n’a pas l’intention de sortir le Burundi de l’auberge sont devenus des spectateurs curieux de la conquête diplomatique du nouveau locataire de Ntare House.

Pourquoi se tourner vers la Tanzanie et non d’autres Etats de la région ?

Conscient des turbulences qui s’intensifient dans la région des Grands lacs, où la majorité d’Etats vivent à couteaux tirés, en fin stratège, le Président burundais se rapproche de la Tanzanie. L’unique pays de cette région qui n’a pas assez de différents avec ses voisins. En fin de cette semaine, l’homme fort du Burundi s’est rendu dans la région de Kigoma, dans le nord-ouest de la Tanzanie. La toute première visite officielle de Ndahishimiye en dehors de son pays. Sur place, il s’est entretienu avec John Magufuli, ce Président dont la gouvernance, basée sur « l’amélioration du social », fait bonne presse sur le continent.

A en croire le communiqué conjoint lu par le Président burundais, « après cet échange transfrontalier, dont les chemins de fer reliant la Tanzanie et le Burundi, la vente de l’or et du Nickel, l’agriculture et l’élevage, nous nous sommes mis d’accord sur tous les points et avons donné des injonctions aux ministres concernés d’entrer directement en contact, le plus vite possible, pour concrétiser ces affaires ».

Pour le Président tanzanien, « le commerce burundais dépend énormément de la Tanzanie. Plus de 95% des marchandises vendues au Burundi passent par le port de Dar-Es-Salaam. Et depuis 2006, le budget du commerce transfrontalier est passé de plus de deux cent millions jusqu’à la fin de 2019. Plusieurs entreprises burundaises opèrent ici en Tanzanie, de même les nôtres sont implantées au Burundi. Nous devons accroitre cette économie ensemble(…) nous avons construit des comptoirs de transformation du Nickel(…) Nous voulons aussi que l’or ainsi que d’autres minerais du Burundi transitent par nos comptoirs et guichets, à Kigoma. Ainsi, nous allons avoir des devises à partager ».

Un rapprochement qui rappelle les dernières heures du règne de feu Pierre Nkurunziza

En effet, si cette première ouverture politique de Ndahishimiye est officiellement entourée par les enjeux économique et diplomatique, elle est aussi un signe qui rappelle aux nombreux observateurs l’attachement de son prédécesseur à la Tanzanie. Après le scrutin chaotique de 2015, la Tanzanie a été le seul pays que Pierre Nkurunziza a visité pendant les cinq dernières années de son règne. Plusieurs sources indiquent que depuis des décennies, les relations entre les deux pays sont au beau fixe, malgré qu’ils n’aient pas le même mode de gouvernance. D’ailleurs, la présence de l’ancien Président tanzanien, Jakaya Kikwete, bras droit de John Magufuli, aux obsèques de Nkurunziza et à la cérémonie d’investiture d’Evariste Ndahishimiye en est la preuve.

Par ailleurs, en 2015, après le scrutin présidentiel décrié par la Communauté internationale, le Burundi a fait face à une spirale de violences. Une situation ayant conduit plusieurs citoyens de ce pays à trouver refuge. Selon le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), la Tanzanie est l’un des pays ayant accueilli plus de 164 000 réfugiés burundais après la crise de 2015. Après son échange avec le Président tanzanien, Evariste Ndahishimiye a indiqué que « ces Burundais doivent rentrer consolider la paix et développer leur pays. La stabilité est déjà là et voilà même que leur Président est venu les appeler au retour volontaire. Nous allons les accompagner ».

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