Le gouvernement burundais a signé jeudi un accord de cessez-le-feu avec les FNL, le dernier mouvement rebelle hutu encore actif, qui doit mener à un accord de paix global et à la fin de treize années de guerre. Un pas attendu de longue date, mais obscurci à Bujumbura par la démission d’Alice Nzumukunda, la vice-présidente de la République, qui dénonce la corruption et les violations des droits de l’homme par les autorités.
Avec deux mois de retard sur le calendrier, le gouvernement burundais et les Forces nationales de libération (FNL), dernier mouvement rebelle encore actif, ont signé jeudi, à Dar es Salam, un accord de cessez-le-feu décisif censé mettre fin à treize ans de guerre civile. Les deux belligérants avaient entamé des négociations le 29 mai dernier, en Tanzanie, sous le patronage de l’Afrique du Sud. Désormais, le président burundais Pierre Nkurunziza et le chef des FNL, Agathon Rwasa, qui ont paraphé le document, devront s’atteler à trouver un accord de paix global, près de trois ans après celui signé le 16 novembre 2003 entre Bujumbura et les autres mouvements rebelles burundais.
L’armée reste vigilante
« Même si un accord est signé demain (jeudi), nous devrons rester vigilants car ce ne sera pas le premier accord signé et ensuite violé par les FNL », expliquait mercredi le porte-parole de l’armée, alors que la signature n’était pas encore certaine. La veille, une attaque attribuée aux FNL avait fait un mort et deux blessés dans la ville de Gatumba, au nord-ouest de Bujumbura. Le 18 juin dernier, autorités et rebelles avaient par ailleurs signé un accord « de cessation des hostilités » devant mener à un accord de cessez-le-feu définitif sans le respecter.
Mais jeudi, le président en exercice, Pierre Nkurunziza, a précisé que désormais, « les FNL devaient respecter la Constitution ». Il en a également profité pour annoncer que « les combattants FNL qui souhaitent rejoindre l’armée [y] seraient intégrés ». Depuis leur début, les discussions achoppaient justement sur cette question de l’armée, au sein de laquelle il avait été conclut avec les autres rebelles que le pouvoir serait mieux partagé entre tutsis et hutu. Alors que le gouvernement souhaitait s’en tenir au précédent accord, les FNL voulaient la dissolution et la refonte totale de l’armée, indique Walfajri.
Corruption et violences d’état dénoncés à Bujumbura
Ce pas important effectué vers une paix définitive dans le pays a été éclipsé par la démission mardi de la deuxième vice-présidente burundaise, Alice Nzomukunda, pourtant membre du parti du président, le Conseil national pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD), lui-même issu de l’ex plus importante rébellion hutue des Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD). « Le gouvernement que je quitte a été acculé à une situation de totale incapacité par Hussein Radjabu (le chef du parti présidentiel) (…) qui ne respecte pas les institutions de la République », a-t-elle déclaré à la presse après avoir remis sa lettre de démission au président Pierre Nkurunziza, qui l’a acceptée.
« La dilapidation des deniers publics et la corruption sont en train de dominer l’espoir qui commençait à naître dans ce pays (…) Les droits de l’homme sont bafoués au vu et au su des responsables », a estimé celle qui s’en était déjà prise au gouvernement, la semaine passée, après l’arrestation de l’ex président Pierre Ndayizeye dans une affaire de coup d’état présumé.