Un accord de partage du pouvoir au Burundi a été signé, vendredi matin à Pretoria, sous les auspices du vice-président sud-africain Jacob Zuma. Il prévoit une représentation équilibrée des Hutus (85% de la population) et des Tutsis dans les institutions de l’Etat. Il a été paraphé par vingt partis burundais mais dix l’ont refusé, dont le principal parti tutsi, l’Union pour le progrès national (Uprona).
« Les parties représentatives du Burundi sont d’accord qu’elles agiront ensemble afin d’assurer que leur pays ne sera plus jamais exposé à la violence ethnique et politique, au carnage, à l’insécurité et à l’instabilité, au génocide et à l’exlusion. » Voici ce que contient l’article 2 de l’accord de partage du pouvoir au Burundi qui a été signé vendredi matin à Pretoria (Afrique du Sud). La signature de cet accord intervient après plusieurs séries de pourparlers à Pretoria et Bujumbura sous les auspices du vice-président sud-africain Jacob Zuma, également médiateur entre les parties en conflit au Burundi. Vingt partis ont paraphé cet accord, qui porte sur la période d’après la transition devant débuter le 1er novembre 2004.
Dix ne l’ont pas approuvé, dont le principal parti tutsi (ethnie minoritaire), l’Union pour le progrès national (Uprona). Quant au principal ex-mouvement rebelle, les Forces pour la défense de la démocratie (FDD), aujourd’hui membre du gouvernement, il avait refusé de se déplacer en Afrique du Sud. Pour autant, Jacob Zuma s’est montré optimiste : « Certains font l’histoire, d’autres écrivent l’histoire. Nous sommes en train de faire l’histoire au Burundi. (…) Cet accord permet aux partis au Burundi de commencer le processus de rédaction de la Constitution, de la loi électorale, de la loi communale et de mettre en place une commission électorale indépendante. Cette commission dira si nous sommes prêts à avoir une élection avant la fin de la période de transition. »
Violence sur le terrain
L’accord de Pretoria prévoit l’élection au suffrage universel d’un Président de la République assisté de deux vice-présidents qu’il doit nommer. Ces derniers appartiendront à des groupes ethniques et des partis politiques différents. Le texte stipule que le Conseil des ministres et l’Assemblée nationale comprendront 60% de Hutus, 40% de Tutsis et trois députés de l’ethnie Twa à l’Assemblée, dont un minimum de 30% de députés devront être des femmes. Même quota féminin pour le Sénat, qui sera constitué sur la base d’une représentation 50/50 de Hutus et Tutsis et de trois sénateurs twas. Toute ces dispositions devront être « incorporées à la Constitution du Burundi qui sera adoptée par voie référendaire », précise le texte.
Les discussions de Pretoria étaient envisagées par le Président burundais Domintien Ndayizeye comme un « tournant » censé faciliter les élections présidentielles prévues d’ici le 31 octobre, comme le prévoit l’Accord de paix et de réconciliation conclu en 2000 à Arusha. Le compromis tant attendu n’est pas total et la rencontre de jeudi s’est déroulée sur fond de violence au Burundi. Dix personnes (sept rebelles et trois civils) ont été tuées, au sud-est de Bujumbura, dans la nuit de lundi à mardi, dans deux attaques attribuées par l’armée au dernier mouvement rebelle qui continue de se battre, les Forces nationales de libération (FNL). Le bruit des combats a été entendu dans la capitale alors que cette dernière n’avait pas subie d’attaque aussi rapprochée depuis plus de deux mois.
Les violences se poursuivent dans la seule province du Bujumbura rural, sur les 17 que compte le pays, depuis l’accord de paix conclu le 16 novembre 2003 entre les FDD et le gouvernement. Le spectre de la guerre de 11 ans qui a opposé l’armée, dominée par les Tutsis, à des rebelles hutus et fait quelque 300 000 morts, rôde. Ce qui n’empêche pas l’actuel Président burundais de se déclarer « confiant ». « Chacun sait le travail que nous avons à faire pour organiser les élections. Il est important que nous restions ensemble, nous devons reconstruire notre pays ensemble. »