Des dizaines de milliers de Burundais sont descendus ce jeudi dans les rues de Bujumbura, leur capitale, pour accueillir un populaire journaliste tout juste libéré de prison.
Plusieurs milliers de personnes se sont massés dans les rues de Bujumbura au Burundi afin de fêter la libération du directeur de la Radio publique africaine survenue la veille. Jamais pareille foule ne s’était rassemblée dans la rue, selon un Burundais. A l’annonce de la libération du journaliste par la Cour d’Appel, plusieurs milliers de personnes s’étaient déjà réunies dans les rues de la capitale bravant ainsi l’interdiction de manifestation faite par le ministère de l’Intérieur.
La justice burundaise a ordonné ce mercredi la libération du directeur de la Radio publique africaine(RPA), Bob Rugurika, arrêté en janvier dernier, contre une caution de 15 millions de francs burundais, soit plus de 8 800 euros, rapporte Anadolu Agency. Le parquet de la République à Bujumbura avait procédé à l’arrestation du directeur de la RPA le 20 janvier dernier.
Toujours sous surveillance
Il était poursuivi pour « complicité à l’acte d’assassinat », « viol du secret de l’instruction » et « manquement à la solidarité publique ». La justice lui reprochait la diffusion, il y a près d’un mois, sur les ondes de sa radio, parmi les plus écoutées du Burundi, des informations qui impliquent le général Adolphe Nshimirimana, ex-patron des services burundais de renseignement, dans l’assassinat de trois religieuses italiennes au nord de Bujumbura, les 7 et 8 septembre 2014.
Son arrestation avait déclenché de vives protestations au sein de l’opposition, de la société civile ainsi que de la communauté internationale et des organismes de défense des droits de l’Homme en janvier dernier. Tous ces acteurs accusent le pouvoir burundais d’empêcher les médias de faire leur travail. Le rassemblement massif de ce jeudi est en l’honneur du journaliste mais c’est également un moyen pour la population de mettre en lumière les tensions qui existent dans le pays à l’approche des élections législatives, communales et présidentielles prévues en mai et juin prochain.
En dépit de sa libération, Bob Rugurika ne peut pas quitter le territoire burundais car il devra comparaître devant la justice tous les premiers lundi du mois.