Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé jeudi sa préoccupation à propos de la situation au Burundi. Le pouvoir est accusé de distribuer des armes à la jeunesse de son parti.
À l’approche des élections générales au Burundi, prévues en 2015, le Conseil de sécurité de l’ONU a déclaré jeudi être préoccupé par les tensions politiques dans le pays. Les membres du Conseil ont condamné « tout recours à la violence et exprimé leur préoccupation concernant les informations faisant état d’intimidations, de harcèlement et de violences commises par des groupes de jeunes au Burundi », selon un communiqué.
Le Bureau des Nations-Unies au Burundi affirme, dans un document confidentiel, dont Afrik.com s’est procurée une copie (publiée ci-dessous), fait allusion à une distribution d’armes à destination des membres de la Ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Des accusations dont s’est défendu le gouvernement.
Un rapport infondé, selon la Présidence
Joint par Afrik.com, Willy Nyamitwe, porte-parole adjoint du chef de l’Etat Pierre Nkurunziza, fustige ce rapport. « Nous avons tenu à démentir cette information. Ce rapport est basé sur des éléments non fondés, il n’y a aucune preuve », a-t-il indiqué. « Près de 100 000 armes ont été déposées volontairement par la population suite à l’appel du Président. Ce dernier vient d’ailleurs de prolonger de trois mois le délai de grâce pour déposer les armes », complète Willy Nyamitwe, tout en indiquant que « le pouvoir ne peut donc pas être accusé de distribuer les armes, alors que le président de la République a lancé officiellement la deuxième campagne de désarmement volontaire de la population civile ».
D’après Willy Nyamitwe, le chef de l’Etat burundais tient chaque mois une réunion avec tous les gouverneurs de province (le Burundi en compte 17), pour « évaluer la situation socio-économique et sécuritaire de chaque province ». Et une autre tous les 45 jours avec le Haut commandement de la police, de l’armée et de la justice. « On ne peut pas prôner la paix et en même temps créer une situation d’insécurité », affirme-t-il.
« La justice a dû taper fort »
À propos des arrestations de militants de l’opposition et des lourdes condamnations, le porte-parole du Président Nkurunziza affirme qu’elles sont légitimes. Les échauffourées du 8 mars entre les partisans du MSD, dont le dirigeant Alexis Sinduhij est en fuite, et la police ont déclenché de vives tensions. Le dirigeant du MSD appelait notamment à la chute du pouvoir.
« Il y a toujours eu des destitutions sanglantes dans le passé mais c’est la première fois qu’en 2005 et 2010 les élections ont lieu sans violences. Autrefois, les membres élus étaient tués comme en 1961 ou 1965 et 1993, lorsque le premier Président élu démocratiquement fut assassiné deux mois après son arrivée au pouvoir », raconte Willy Nyamitwe. « Donc quand quelqu’un parle de destitution, les gens qui descendent dans la rue ont cet objectif en tête. De plus, la police a saisi des plans de déstabilisation et la justice a donc dû taper fort », lance le porte-parole de la Présidence.
Après plusieurs rencontres de haut niveau, notamment avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, le dirigeant burundais s’est entretenu ce jeudi avec Adama Dieng, Conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide.