Les acteurs politiques au conflit burundais s’éloignent de la tenue des élections dont les dates ont été fixées lors du sommet régional de Dar-es Salam en Tanzanie où a été trouvé un accord entre le pouvoir et l’opposition.
Ce lundi 15 juin, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest a dépêché une délégation à Bujumbura, la capitale burundaise, pour expliquer à la classe politique les conclusions issues du sommet de Dar-es Salam, en Tanzanie.
Reçue d’abord en audience par le Président Pierre Nkurunziza, la délégation a présenté au chef de l’Etat le compte rendu des travaux de la rencontre de Dar-es Salam autour de la crise au Burundi. Dès le lendemain de cette rencontre, les parties prenantes au conflit divergent dans leur interprétation et compréhension de ces accords.
Le parti de l’opposition, Mouvement pour la Solidarité et le Développement (MSD), a réagi par le biais de son Secrétaire général, François Nyamoya. « Ce que je viens de retenir positivement, c’est de dire que les 15 conditions doivent être mises en place et que j’ai compris qu’ils ont dit aussi au gouvernement de les mettre en œuvre. Alors les dates du 29 et du 15 juillet, impossibles. Nous, notre logique c’est asseyons-nous pour discuter d’un calendrier qui nous permette d’aller aux élections rapides dans de bonnes conditions ».
« Tout peut être analysé à condition de ne pas aller au-delà du calendrier électoral et du respect de la Constitution de ce pays. Si le mandat est l’émanation de la Cour constitutionnelle, c’est indiscutable. Comme aussi les échéances électorales sont dans les normes du calendrier électoral, ça on n’y est. Mais si on veut qu’on aille au-delà pour tomber dans un vide constitutionnel, on ne prend pas. Même leur déclaration était précise, et très bien, que tout pourrait être considéré, mais dans le respect de la Constitution burundaise », a indiqué le vice-président du parti au pouvoir CNDD-FDD, Joseph Ntakarutimana.
« Ce n’est pas ce qu’ils nous ont dit sinon, je ne dirai pas que je suis satisfait. Donc, on ne peut pas aller dans des élections dans de telles conditions. Ils ont même dit que les chefs d’États vont venir eux-mêmes pour suivre les dossiers, voir où on en est », clame pour sa part Charles Nditije, député du camp du parti de l’opposition des Indépendants.
L’appel de l’UA
La crise burundaise a été aussi l’objet des préoccupations des Chefs d’États et des gouvernements lors du 25ème sommet de l’Union Africaine tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud. L’organisation panafricaine a invité les acteurs politiques burundais à obtenir un « consensus » autour de la date de la tenue des élections. Elle prévoit l’envoi d’observateurs des droits de l’Homme et d’experts militaires en vue de désarmer les groupes armés rattachés à des formations politique. L’opposition burundaise avait déjà fait part de sa préoccupation et réclamé un appui extérieur dans cette crise politique pré-électorale.