Une troupe de l’armée burundaise positionnée près de la frontière avec le Rwanda a été victime d’une attaque qui a fait huit morts et des dizaines de disparus dans ses rangs.
La nouvelle a été donnée hier lundi et confirmée, ce mardi 19 novembre 2019, par la hiérarchie militaire burundaise. Dans la nuit du samedi au dimanche, vers 2 heures du matin, alors qu’elle campait sur la colline de Twinyoni, la compagnie a été surprise par l’attaque d’un groupe armé très bien équipé, à en croire les autorités burundaises. Dans le camp des forces burundaises, c’est le désastre. « Les premiers renforts militaires qui sont arrivés sur place dimanche ont retrouvé huit corps de soldats tués, dont celui du commandant de la compagnie, le major Révérien Ngomirakiza », a confié ce mardi à l’AFP un haut gradé de l’armée qui a requis l’anonymat.
« Quinze rescapés, dont des blessés, ont également été retrouvés par la suite. Mais le reste de la compagnie est porté disparu jusqu’ici », poursuit le militaire. Les pertes sont donc énormes pour cette unité de 90 soldats. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais les autorités burundaises y voient déjà la main de leurs voisins rwandais. « Nos soldats ont été surpris par des assaillants équipés de gilets pare-balles et de lunettes de vision nocturne, qui ont totalement anéanti cette position (…) Nous pensons que ce ne sont pas de simples rebelles qui en sont responsables », a martelé le haut gradé à l’AFP.
Depuis 2015 avec le coup de force du Président burundais, Pierre Nkurunziza, qui lui a permis de briguer la présidence une troisième fois, le pays a basculé dans la crise, avec des factions rebelles qui n’hésitent pas à s’en prendre à l’armée. Mais cette dernière incursion est « la plus importante et la plus meurtrière attaque dirigée contre l’armée » depuis 2015, assurent d’autres sources militaires.
Le Rwanda a été clairement indexé dans le communiqué lu hier lundi à la Radio-Télévision nationale du Burundi (RTNB) par le Directeur de la Communication du ministère de la Défense, le major Emmanuel Gahongano : « Un groupe armé de fusils en provenance du Rwanda a attaqué une position de militaires burundais situé sur le Mont Twinyoni (…) en commune de Mabayi. L’attaque a eu lieu dans la nuit du 16 au 17 novembre 2019 à 02H00 du matin (00H00 GMT). Ce groupe armé s’est replié au Rwanda ».
Kigali a aussitôt réagi pour rejeter toute implication dans cette attaque. « Il n’est pas vrai que les attaques ont été causées par des gens venus du Rwanda. Ce sont des allégations infondées venant du Burundi, comme ils l’ont déjà fait ces quatre dernières années. Nous avons d’autres choses à faire », a affirmé le secrétaire d’Etat rwandais aux Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe. Voilà de quoi détériorer davantage les relations déjà fort tendues, depuis 2015, entre les deux pays voisins.