Burundi : l’ancien Premier ministre Alain-Guillaume Bunyoni encourt la prison à vie


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Alain-Guillaume Bunyoni
Alain-Guillaume Bunyoni

L’ancien Premier ministre d’Évariste Ndayishimiye, Alain-Guillaume Bunyoni, pourrait écoper de la prison à perpétuité. C’est la réquisition du parquet contre celui qui, il n’y a pas si longtemps encore, était considéré comme le numéro 2 du régime burundais.

Alain-Guillaume Bunyoni et ses six co-accusés étaient devant la Cour suprême qui a siégé, ce jeudi, à la prison centrale de Gitega, lieu de détention de l’ancien Premier ministre. Deux ans après sa nomination au poste de Premier ministre par le général Évariste Ndayishimiye, Alain-Guillaume Bunyoni tombe en disgrâce. Il est limogé en septembre 2022. Quelques jours plus tôt, le général Président avait dénoncé des velléités de coup d’État. On ne tardera pas à voir la main du général Alain-Guillaume Bunyoni dans cette tentative de putsch. Suffisant pour mettre aux arrêts le redoutable ancien ministre de Pierre Nukurunziza. L’homme de la sanglante répression des manifestations de protestation contre le troisième mandant de l’ex-Président, en 2015.

Plusieurs chefs d’accusation

Alain-Guillaume Bunyoni est accusé d’« atteinte à la sûreté intérieure de l’État et au bon fonctionnement de l’économie nationale », de « prise illégale d’intérêts », de « détention illégale d’armes » et d’« outrage envers le chef de l’État ». Et même d’avoir « commis des fétiches contre la vie du chef de l’État ». Suffisant pour que le général en disgrâce soit puni de la plus lourde des peines : la prison à perpétuité. C’est en tout cas la réquisition clairement exprimée du substitut Jean-Bosco Bucumi. À cela s’ajoute non seulement une amende de 7,1 millions de francs burundais (environ 2 300 euros), mais également des dommages et intérêts équivalents au « double de la valeur des 153 maisons et terrains et des 43 véhicules qui lui appartiennent ».

Quant aux coaccusés d’Alain-Guillaume Bunyoni, ils encourent 30 ans de prison ferme. C’est en tout cas la peine requise contre eux par le ministère public.

Bunyoni victime de sa toute-puissance ?

Alain-Guillaume Bunyoni n’était pas une personne ordinaire du régime du CNDD-FDD. Il était tout-puissant, depuis le temps de Pierre Nkurunziza dont il a été ministre de la Sécurité publique entre 2007 et 2011 puis de 2015 à 2020. Sa puissance s’est confirmée avec sa nomination au poste de Premier ministre par Évariste Ndayishimiye. Alain-Guillaume Bunyoni passait, depuis longtemps, pour le chef de file de l’aile dure des généraux proches du régime. La rapidité de sa chute amène à se demander si sa puissance ne finissait pas par inquiéter son Président.

Bunyoni ne ferait-il pas de l’ombre à Ndayishimiye ? L’hypothèse n’est pas à rejeter d’emblée. Ce qui est certain, c’est que l’ancien Premier ministre ne reconnaît rien des chefs d’accusation pesant sur lui. Il a plaidé non coupable pendant le procès et souhaite être remis tout simplement en liberté. Il sera fixé sur son sort, dans 30 jours.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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