Prévue pour ce 20 mai, les élections générales au Burundi attirent désormais l’attention de la communauté internationale. A l’approche de ce triple scrutin, des observateurs notent plusieurs irrégularités dont la montée de tension, les arrestations et d’autres faits qui peuvent entraver le bon déroulement de ces élections.
Au pouvoir depuis 2005, Pierre Nkurunzinza n’est pas candidat, cependant son parti, le Conseil national pour la défense de la démocratie-forces de défense de la démocratie, CNDD –FDD a choisi le général Evariste Ndayishmiye pour le représenter à ces élections qui suscitent déjà de nombreux doutes.
Si l’opposition décrie l’arrestation de ses membres et le manque de transparence de la Commission électorale indépendante, des organisations de défense des Droits de l’Homme, elles, s’indignent plus contre la montée des violences observée à quelques jours de ce triple scrutin.
Focus sur les indignations de l’opposition
Alors que le régime en place est confiant quant à sa victoire aux scrutins de ce 20 mai, l’opposition note des irrégularités dont l’arrestation de certains de ses militants, des manœuvres que certains caciques de l’opposition qualifient de « la peur » que le régime en place face aux élections. « Ce qui est clair, c’est que nos adversaires sont morts de peur. Je voudrai demander aux corps de sécurité et à la justice de ne pas tomber dans ce piège. Nous sommes de toute façon habitués à l’injustice, mais sachez que le temps des brimades est bientôt fini, il est bientôt fini ! », a déclaré Agathon Rwassa, l’un des candidats de l’opposition à nos confrères de RFI.
Pour Léonard Nyangoma, président du parti Conseil national pour la défense de la démocratie CNDD, un parti qui a boycotté ces élections, laisse entendre que : « nous observons un processus électoral faussé dès le départ ». Dans un entretien accordé à nos confrères d’Iwacu, cet ancien député exilé en France a été pessimiste face à ces scrutins. « Nous assistons, non pas à une confrontation d’idées, de programmes novateurs, mais à des joutes de violence verbale outrancières et physiques. Le parti au pouvoir, disposant d’une jeunesse armée au lieu de calmer la situation, fait tout pour enflammer la situation(…) organiser une élection dans telles conditions, c’est de l’irresponsabilité , c’est même criminel, il fallait d’abord mettre fin à la crise politique », a-t-il fait savoir .
Entretemps, dans la foulée, un jeune qui a recueilli l’anonymat nous explique que quelques témoins des partis de l’opposition sont écartés dans certains bureaux de vote situés dans les milieux reculés du pays, alors que certains électeurs ont du mal à retirer leurs cartes pendant que d’autres n’en ont pas jusque-là. Cette situation a amené ce jeune à dire que « la Commission électorale nationale indépendante a failli à sa mission »
Réaction de la Commission électorale indépendante
Soupçonné « de partialité » depuis le début du processus électoral , la Ceni reste formelle et salue par ailleurs l’évolution des préparatifs : « Le constant est que la situation s’est quelque peu améliorée, notamment sur le plan de la communication. En effet, le discours politique de campagne semble mesuré, et dans ce cadre, nous appelons à ce que cela continue ainsi afin de parvenir à un apaisement complet au sein de toutes les couches de la population », a déclaré Pierre-claver Kazihise, président de la centrale électorale ajoutant que: « les membres des bureaux de vote sont au service de la Cen. Une punition sévère sera administré à quiconque d’entre eux violera la loi » a-t-il dit lors d’une conférence de presse en début de semaine.
Quelle crainte pour les organisations de défense des droits de l’homme à l’approche du triple scrutin ?
Si Human Rights Watch a été la première institution à faire des alertes sur le risque d’une flambée de violences, la Commission d’enquête onusienne des Droits de l’Homme a, pour sa part, exhorté les autorités burundaises à une tenue des élections pacifiques. « Nous appelons le gouvernement à enrayer immédiatement cette spirale de violence en prenant les mesures nécessaires pour garantir le respect et la protection des libertés publiques et mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs d’actes de violence, dont certains avec un haut niveau de responsabilité »
Dans son communiqué de presse signé par Doudou Diène, président de la commission d’enquête sur le Burundi, elle note également que ces scrutins pourront constituer une voie de sortie de la crise et de l’insécurité dans ce pays : « les élections du 20 mai 2020 ne pourront ouvrir une nouvelle ère de stabilité au Burundi que si le processus électoral est géré de manière pacifique et sécurisée, en toute transparence et indépendance afin que les résultats puissent être considérés comme crédibles et acceptés de tous. La communauté internationale doit rester vigilante à la situation des Droits de l’Homme dans le contexte électoral au Burundi », conclut ce communiqué.