Les couples désireux de se marier doivent justifier devant les autorités religieuses qu’ils ont fait un test de dépistage du sida. Un mesure visant à garantir l’honnêteté dans le couple, selon l’église catholique romane, une « mesure stigmatisante » d’après une militante de la lutte contre le VIH/sida.
Au Burundi, l’Eglise catholique romane marie uniquement les couples qui présentent un certificat de dépistage du VIH/SIDA, une mesure controversée qui suscite l’indignation des personnes séropositives.
«Forcer quelqu’un à subir un test de dépistage est une violation des droits individuels, le dépistage doit toujours être un acte volontaire», a déclaré Jeanne Gapiya Niyonzima, une activiste engagée dans la lutte contre le VIH/SIDA et la première personne du Burundi à avoir publiquement révélé sa séropositivité.
Au mois de mars dernier, l’Eglise catholique du Burundi a publié un document visant à rendre obligatoire le dépistage du VIH des futurs mariés, sur l’ensemble du pays.
«Nous n’exigeons pas que les couples nous fassent part des résultats de leur test, mais nous exigeons qu’ils subissent simplement un test de dépistage et qu’ils aient connaissance du statut sérologique de l’un et de l’autre», a affirmé le père Antoine Sabushatse, porte-parole du diocèse de Bujumbura, la capitale burundaise.
Le père Antoine Sabushatse a expliqué que le certificat de dépistage du VIH avait été rendu obligatoire dès 1989, dans la province de Bururi. Dans cette province, située dans le sud du pays, l’Eglise avait noté qu’un grand nombre de soldats rentrés au pays et porteurs du virus se mariaient avec les jeunes filles de la province sans leur révéler leur statut sérologique et les contaminaient.
Ainsi, sur ordre de l’évêque du diocèse, l’Eglise a commencé à exiger un certificat de dépistage du VIH des futurs mariés, avant de célébrer leur union – une mesure qui est désormais appliquée dans l’ensemble des provinces du pays.
«S’il n’y a aucune franchise au sein du couple, si un des futurs mariés cache sa séropositivité à sa future femme ou à son futur mari, le sacrement du mariage est alors invalide», a insisté le père Antoine Sabushatse.
Jeanne Gapiya Niyonzima a souligné que l’Eglise, malgré ses bonnes intentions, n’était pas formée pour proposer des conseils et des services VIH/SIDA à la population.
Aujourd’hui, où la plupart des couples ont des relations sexuelles avant le mariage, forcer les couples à subir un test de dépistage du VIH avant de célébrer leur mariage ne semble pas être l’outil de prévention le plus efficace, a-t-elle ajouté.
«Tout le monde peut payer un médecin véreux et se procurer ainsi un faux certificat de séronégativité», a-t-elle regretté. «Aujourd’hui, les personnes qui décident de ne pas se marier à l’Eglise sont immédiatement suspectées d’être porteuses du virus. Cette mesure est forcément stigmatisante.»
Le père Antoine Sabushatse a reconnu que des incidents s’étaient produits et que certains couples avaient présenté des documents falsifiés.
Toutefois, l’Eglise recommande aux futurs mariés de s’adresser à des médecins dignes de confiance, qui à leur tour sont chargés d’informer les prêtres que le couple a subi un test de dépistage et qu’il en connaît les résultats.
Même si l’un des futurs mariés apprend qu’il est séropositif, l’Eglise célèbrera l’union. Ce n’est pas une question de jugement, mais de savoir et de franchise, a-t-il poursuivi.
Malgré les protestations des activistes, le père Antoine Sabushatse a déclaré que la loi sur le certificat de dépistage du VIH avait été bien accueillie.
«Très peu de gens refusent de subir un test de dépistage. Ils ont assisté à la mort d’un grand nombre de personnes dans leur entourage et ne veulent pas prendre de risques», a-t-il conclu.