Quatre journalistes burundais viennent d’être condamnés à deux ans et demi de prison. Travaillant pour le média Iwacu, ils assuraient la couverture de l’incursion de rebelles burundais en provenance de la RDC lorsqu’ils ont été appréhendés, le 22 octobre 2019.
C’est le tribunal de Bubanza, dans le nord-ouest du pays, qui a rendu le verdict. Très vite, les réactions de condamnation ont fusé de toutes parts. « Nous sommes sous le choc, le tribunal vient de condamner les 4 journalistes d’Iwacu à 2 ans et 6 mois de prison et à une amende de 1 million de francs burundais (485 euros), c’est une honte car ils n’ont fait que leur métier », a confié à l’AFP, sous anonymat, un témoin ayant assisté à l’audience.
De son côté, Amnesty International, dans un communiqué, dénonce des accusations « fabriquées de toutes pièces » et souligne que ce verdict marque un « triste jour » pour la liberté de presse au Burundi. Si ces journalistes ont été finalement condamnés à deux ans et demi de prison pour « tentative de complicité (…) d’atteinte à la sécurité intérieure de l‘Etat », il faut préciser que le parquet avait requis contre eux une lourde peine de quinze ans de prison ferme pour un chef d’accusation beaucoup plus corsé, « complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Cette réduction de la charge est à mettre à l’actif de la défense qui a réussi à démontrer « clairement que les journalistes n’ont jamais été en contact avec les rebelles, qu’ils n’avaient fait que leur travail ». C’est également la position de Reporters Sans Frontières et de Human Rights Watch qui n’ont cessé de réclamer la libération des journalistes depuis leur arrestation. Cependant, l’élément qui a joué contre les journalistes et sur lequel l’accusation s’est appuyée, c’est un message WhatsApp que l’une parmi eux a échangé avec un collègue de l’étranger et qui disait en substance : « Nous nous dirigerons vers Bubanza (…) pour aider les rebelles ».
Depuis 2015 où le Président Pierre Nkurunziza a fait réviser la Constitution pour briguer une troisième fois la magistrature suprême, le Burundi a sombré dans une crise profonde, marquée entre autres par un sérieux recul de la liberté de presse.