Les corps de 5 jeunes ont été retrouvés, ce mercredi matin dans le quartier de Cibitoke au nord de la capitale Bujumbura. Les circonstances de leur mort restent troubles tandis que la nuit dernière a été le théâtre de nombreux échanges de tirs dans la capitale.
A Bujumbura,
Les cinq victimes retrouvées ce mercredi 9 décembre 2015, dans la matinées, sont toutes originaires de Mutakura et Cibitoke, quartiers contestataires de la capitale où se sont tenues d’importantes manifestations depuis le mois d’avril dernier. Depuis cet été, la police nationale encercle ces deux quartiers adjacents, contrôlant les allées et venues de ses habitants et procédant à de nombreuses arrestations. Selon le porte-parole adjoint de la police, Pierre Nkurikiye, les jeunes ont été abattus par la police parce qu’ils menaçaient de brandir une troisième grenade contre les forces de l’ordre. « Ce sont des terroristes », a-t-il ajouté.
Cette version des faits ne colle pourtant pas avec celle d’Athanase, un voisin ayant assisté à la scène. « Cela s’est passé ce matin alors que les gens partaient au travail ou à l’école, explique-t-il. La police est entrée en tirant dans le quartier, ce qui a poussé les gens à se réfugier chez eux. L’un des jeunes, mon voisin, qui rentrait de son travail de nuit chez Savonor, s’est réfugié dans sa parcelle mais il a y a été suivi par des hommes en uniforme de police, de l’armée et de l’API (ndlr: garde présidentielle). Ils ont alors forcé les cinq jeunes à sortir de la parcelle et les ont exécuté dans la rue ».
Les voisins des victimes sont formels, si ces jeunes avaient bien participé aux manifestations du printemps dans le quartier, aucun d’eux n’était un criminel. Deux d’entre eux venaient de sortir de prison, la veille, suite à la grâce présidentielle offerte à 97 jeunes emprisonnés dans la prison de Mpimba à Bujumbura. Par ailleurs, une incompréhension réside toujours quant aux motifs qui ont poussé les forces de l’ordre à exécuter les jeunes plutôt que de les interpeller. Certains pensent qu’ils étaient à la recherche d’une personne en particulier, un chef de l’opposition clandestine, qu’ils n’ont pas trouvée et que l’exécution est comme un message qui lui est destiné.
Après une nuit d’échanges de tirs fournis, d’autres morts ont été déplorés dans la capitale, ces dernières 24 heures. Hier soir, un groupe armé a attaqué le bureau municipal de Bwiza, près du centre-ville, provoquant la mort d’un policier et d’un passant. Ce mercredi matin, un homme originaire de Kamenge, quartier connu pour être un fief du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, a été abattu sur l’avenue de l’imprimerie, surnommée par les locaux « Avenue de la mort ». Cet homme était soupçonné d’espionnage pour le compte du gouvernement à Jabe, le quartier contestataire où il a été tué.