Burkina : première inculpation dans l’affaire Zongo


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Drapeau du Burkina Faso
Drapeau du Burkina Faso

Impliqué dans l’affaire du journaliste assassiné, Norbert Zongo, le clan présidentiel a dû céder devant la pression de la rue. Plus de deux ans après les faits, la boîte de Pandore est ouverte, avec l’inculpation de l’ancien responsable de la garde présidentielle.

L’étau se resserre autour du clan présidentiel de Blaise Compaoré dans l’affaire du journaliste assassiné, Norbert Zongo. Il a fallu deux ans de bras de fer avec les autorités, de manifestations en chaîne, de grèves générales et de marathons juridiques pour que le procureur de Ouagadougou prononce, mardi, une première inculpation. Celle de l’adjudant Marcel Kafando, responsable jusqu’en 1999 du régiment de sécurité présidentielle, pour  » assassinat  » et  » incendie volontaire  » sur la personne du très populaire journaliste.

Une inculpation qui n’est pas vraiment une surprise : Kafando et cinq autres membres de la garde rapprochée du président avaient été désignés, dès 1999, comme  » suspects sérieux  » par une commission indépendante.

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L’adjudant Kafando et deux autres militaires avaient déjà été condamnés à vingt ans de prison au mois d’août dernier pour une autre affaire. Celle du chauffeur du frère du président, François Compaoré, torturé à mort dans les locaux de la garde présidentielle. Histoire trouble de coup d’Etat, ou règlement de compte crapuleux autour d’un simple vol ? Il avait été accusé d’avoir volé à son employeur la somme de 20 millions de francs CFA (200 000 FF). Les faits n’ont pas été établis précisément. Or l’affaire avait été révélée par un directeur du journal  » L’Indépendant « … du nom de Norbert Zongo. Ce dernier poursuivait ses investigations autour de ce crime. Apparemment, il a fait peur. Son corps a été retrouvé carbonisé dans sa voiture en décembre 1998.

Pour les membres du collectif contre l’impunité, Reporters sans frontières et nombre de personnalités de l’opposition, ces hommes de la sécurité présidentielle n’ont pas agi de leur propre initiative. Or, la garde présidentielle est placée sous l’autorité directe du président Blaise Compaoré et de son frère Cadet.

Mystérieuses disparitions

Kafando inculpé, le sort des plus hautes personnalités du pays est suspendu aux lèvres de l’adjudant. Or, officiellement du moins, la justice burkinabé, accusée d’être aux ordres, s’est décidée  » à procéder à des interrogatoires plus approfondis et même à des confrontations entre Kafondo et d’autres personnes « , a déclaré le procureur général au cours de sa conférence de presse.  » Il n’a plus rien à perdre, fait-on valoir à RSF. Maintenant nous avons bon espoir que Kafando désigne ses donneurs d’ordres « .

Rien n’indique toutefois que Marcel Kafondo se montrera bavard. Trois des six témoins dans l’affaire du chauffeur de François Compaoré sont morts, dans des conditions mystérieuses. En outre, le compagnon de geôle de l’adjudant, impliqué également dans l’affaire Zongo, Edmond Koama, est mort en prison le mois dernier.  » A force de voir les suspects sérieux disparaître, les uns après les autres, la crainte que les procès n’aient jamais lieu, faute d’accusés, est très répandue au Burkina « , explique-t-on à Reporters Sans Frontières.

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