Le Faso Danfani est l’un des tissages traditionnels les plus anciens et les plus utilisés au Burkina Faso. Cette étoffe aujourd’hui incontournable dans le monde de la mode actuelle a su trouver sa place par sa texture et son raffinement qui ne cessent de gagner de la valeur.
Le terme « Faso dan fani » signifie littéralement en dioula « le pagne tissé de la patrie » (fani: pagne, dan: tissé; faso: patrie). Comme beaucoup de peuples d’Afrique de l’Ouest, les Burkinabé connaissent bien l’art du tissage.
Cette étoffe dont la production est toujours artisanale et faite à la main, généralement par les femmes. Entre teinture de fibre de coton, tissage de bandes et patchwork voici quelques-unes des étapes par lesquelles la création de ce tissu passe.
La personne qui a vraiment donné son souffle de vie à cette matière n’est nul autre que Thomas Sankara. C’est dans les années 80, que le tissage féminin a connu un essor grâce à la volonté de Thomas Sankara de promouvoir l’émancipation des femmes parallèlement au développement des productions nationales, en particulier celle de tissus nationaux : c’est la naissance du Faso Dan Fani.
Thomas Sankara a pris des mesures fortes comme celle d’imposer par décret à ses fonctionnaires le port du Faso Dan Fani et de tenues réalisées en étoffes traditionnelles. Il encouragea également le regroupement des femmes tisserandes en coopératives et la création d’ateliers de production qui permirent d’atteindre les objectifs: produire et consommer burkinabè, émanciper les femmes, et créer des emplois.
Aujourd’hui le Faso Danfani est en train de trouver sa place dans le monde de la mode en Afrique. Très tôt il a été adopté par des créateurs comme Pathe,o et Francois 1er qui ont redoré son blason.
La machine étant enclenchée, la sensibilisation des burkinabés et des étrangers au Faso Dan Fani s’est ensuite faite par le biais de vitrines internationales telles que le SIAO (Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou), des concours nationaux ou d’autres opérations promotionnelles.
Ces dernières années, ce sont les créateurs de Haute Couture qui se sont laissés piquer par le mouvement et qui ont porté le Faso Dan Fani vers le marché de la mode, en collaboration avec les coopératives-ateliers des femmes tisserandes.
Par exemple le styliste ivoirien Elie Kuamé a utilisé le Faso Danfani pour une de ses collections à succès. On est d’abord séduit par les couleurs éclatantes qu’il a choisies mais ensuite par la qualité des coupes, flatteuses pour la femme et très dans l’air du temps.
L’inversion du genre de l’activité de tissage, qui devient une profession féminine, illustre la profondeur des transformations sociales et l’ouverture des mentalités. L’impact de la Haute Couture africaine se mesure dans l’adhésion des Burkinabè à revêtir leurs tissages, qui devient creuset identitaire et média de l’Afrique contemporaine. La consommation locale du danfani est garante de durabilité et de recherche d’excellence.
Le passage d’une production quantitative à une orientation qualitative pour satisfaire une clientèle locale apparaît donc exemplaire, à l’heure où certains tisserands ghanéens appauvrissent la qualité de leur kente pour être plus compétitifs sur le marché de l’export vers les pays occidentaux et, notamment, aux États-Unis.
Le Burkina Faso est aujourd’hui un des principaux pays producteurs de coton en Afrique, mais il exporte plus de 95 % de son or blanc à l’état de fibre brute. La perspective d’accroître la valeur ajoutée de cette matière première passe donc par le développement de filatures et la promotion du travail des artisans.
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