Les Burkinabè n’ont pas répondu favorablement à l’appel du gouvernement qui les a invités à surseoir les marches prévues ce jour pour manifester leur colère face à l’aggravation de la situation sécuritaire de leur pays. Les marches ont bel et bien eu lieu ce samedi, à Ouagadougou ainsi que dans d’autres villes du Burkina Faso. Mieux, les manifestants sont sortis très nombreux.
Ils étaient des milliers à descendre dans les rues de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, Kaya et de Fada N’Gourma, les Burkinabè qui ont répondu à l’appel de l’opposition et d’une partie de la société civile. Le motif de leurs manifestations : protester contre l’inertie qu’affiche, selon eux, le pouvoir en place face aux nombreuses attaques terroristes.
À Ouagadougou, c’est la Place de la Révolution qui a servi de point de départ aux manifestants. Place d’abord aux déclarations. « Aujourd’hui, de Dori à Kampti, de Dédougou à Diébougou, de Ouagadougou à Diapaga, les populations ont manifesté pour protester contre l’aggravation de la situation sécuritaire », a affirmé Eddie Komboïgo, le chef de file de l’opposition au Burkina Faso. L’homme n’a pas caché sa satisfaction devant la « mobilisation gigantesque à travers le pays malgré les appels au boycott par le pouvoir ».
« Pendant le premier mandat du Président Kaboré (2015 à 2020, ndlr), on a dénombré officiellement plus de 1 300 morts et 1,2 million de déplacés internes », a ajouté le leader de l’opposition qui dit « craindre que le second mandat ne soit pire que le premier car, depuis le début de l’année, nous en sommes à plus de 300 morts ».
De même, le candidat malheureux à la dernière Présidentielle a insisté sur la nécessité de convoquer des assises nationales pour que l’ensemble des Burkinabè y compris l’opposition se penche sur la question. « L’opposition réitère sa disponibilité à discuter sur la question de la sécurité et appelle à l’organisation des assises nationales sur la sécurité », a-t-il souligné, tout en insistant sur l’urgence qu’il y a à doter les forces de défense et de sécurité du matériel adéquat pour relever promptement et efficacement le défi sécuritaire.
À la suite de Eddie Komboïgo, Aristide Ouédraogo, un représentant de la société civile a, à son tour, justifié les manifestations : « Au regard des dernières évolutions macabres sur le plan sécuritaire, il était temps de donner un signal fort aux dirigeants pour se ressaisir et mesurer la gravité de la situation ».
Après avoir écouté les différentes déclarations, les manifestants ont investi les grandes artères de la capitale burkinabè, munis de drapeaux du pays et de pancartes avec des messages très clairs : « Non à l’insécurité grandissante », « Non à l’abandon des populations », « Non aux attaques sans fin », « Y-a-t-il encore un Président au Burkina Faso ? ».
Ces manifestations de rue sont les premières organisées dans le pays après la réélection du Président Roch Marc Christian Kaboré, en 2020.
Depuis 2015, le Burkina Faso est devenu l’une des principales cibles des groupes djihadistes comme Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (affilié à Al-Qaïda) et le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), qui y sèment la terreur. Les attaques de Solhan perpétrées dans la nuit du 4 au 5 juin dernier, avec au moins 132 morts, et celle de Barsalogho, qui a coûté la vie à plus de 10 policiers, le 21 juin, ont constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la colère des Burkinabè.