Au Burkina Faso, le massacre d’une soixantaine de civils par des hommes portant l’uniforme de l’armée préoccupe la population. Le parquet de Ouahigouya a diligenté une enquête pour faire la lumière sur cette affaire et découvrir l’identité des assassins.
Au Burkina Faso, le village de Karma, situé à une quinzaine de kilomètres du chef-lieu de la province du Yatenga, a été le théâtre d’un véritable drame humain, ce 20 avril 2023. Des hommes portant des uniformes de l’armée burkinabè ont massacré une soixantaine de personnes. L’annonce a été faite par le procureur près le Tribunal de grande instance de Ouahigouya à travers un communiqué. « Le 21 avril 2023, le Commandant de la Brigade de Recherches de Gendarmerie de Ouahigouya me rendait compte de ce que dans le village de Karma, Département de Barga, Province du Yatenga, une soixantaine de personnes auraient été tuées par des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales », peut-on lire dans le communiqué.
Des questions que permettra peut-être de résoudre l’enquête
Au-delà des morts, il y a eu également des blessés ainsi que des biens emportés. Cette attaque meurtrière aurait été perpétrée par « plus d’une centaine de personnes à bord de motocyclettes et de pick-up », à en croire les habitants du village qui ont réussi à discuter avec les survivants de ce carnage. Après ce drame, il se pose la question de savoir qui sont ces assaillants. S’agit-il des éléments des Forces armées du Burkina Faso ? Ou d’autres personnes, des djihadistes ou autres criminels ayant dérobé les uniformes ?
Toutes ces questions, le procureur Lamine Kaboré se les pose aussi. C’est la raison pour laquelle une enquête a été ouverte sous ses auspices, comme cela est clairement indiqué dans le communiqué : « Mon Parquet, saisi de ces faits dont la gravité est avérée, a donné les instructions nécessaires à la sous-unité d’enquête de procéder à tous les actes en vue de les élucider et d’interpeller toutes les personnes qui y sont impliquées. Je saisis l’occasion pour lancer un appel à toutes personnes qui disposeraient d’informations sur ces faits à nous en faire la dénonciation », poursuit le communiqué.
Des antécédents avec l’armée
Cette enquête permettra de fixer les uns et les autres sur ce drame qui allonge la liste des massacres perpétrés au Burkina Faso, depuis 2014. Ceci est d’autant plus nécessaire que si en général, ce type d’attaque est souvent le fait de terroristes, il est arrivé des fois où des altercations entre des éléments de l’armée et des populations ont dégénéré. Au début de ce mois, la justice militaire burkinabè avait annoncé une enquête pour tirer au clair la mort de plusieurs civils, par le fait des militaires, à Dori.
À en croire Abrahamane Mande, le préfet de la ville, des militaires avaient fait usage d’armes automatiques et tabassé des citoyens « occasionnant des pertes en vies humaines et des blessés au sein de la population ». Ce drame s’est produit après l’assassinat d’un militaire. Ce qui a amené les populations de Dori et le mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) à conclure à une « expédition punitive » des militaires.