Burkina Faso : qui est Francis Diébédo Kéré, le nouveau lauréat du prix Pritzker ?


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Francis Kéré, architecte
Francis Kéré, architecte

Le monde de l’architecture vient de désigner le lauréat de son prix le plus prestigieux, le prix Pritzker. Et pour la première fois, depuis sa mise en place, en 1979, la distinction est allée à un Africain, un Burkinabè nommé Francis Diébédo Kéré. Qui est Francis Kéré, ce Burkinabè naturalisé allemand ?

C’est à Gando, un village du Burkina Faso que Francis Diébédo Kéré voit le jour en 1965. Après des études primaires à Ouagadougou, il devient charpentier. Puis, il obtient une bourse pour aller étudier l’architecture en Allemagne. Très attaché à sa terre natale, Francis Diébédo Kéré crée, pendant qu’il étudiait encore, l’association Schulbausteine für Gando, ce qui signifie « Des briques pour l’école de Gando ». Son objectif était de mobiliser des ressources pour réaliser son premier projet : la construction d’une école primaire dans son village.

Cette construction débute en octobre 2000 et s’achève en juillet 2001, avec la participation active de la population locale. La particularité de cette école : elle est construite en terre et avec différents matériaux locaux alors que la plupart des écoles sont construites en ciment au Burkina Faso. Le bâtiment, un module de trois classes garantit par conséquent un meilleur confort climatique tout en revenant moins cher que les constructions de même taille faites ordinairement. L’école fut élargie en 2005 par Francis Diébédo Kéré, un an après l’obtention de son diplôme, à l’Université technique de Berlin.

Au-delà de l’école, l’architecte réalise de nombreux autres projets à Gando, dans d’autres localités du Burkina Faso, et en dehors de son pays : au Togo, au Mali, même au Kenya, au Mozambique, etc., Le fils de Gando fait parler son art : des constructions durables au service des populations. C’est ce qui le portera au pinacle de sa profession : « Grâce à son engagement pour la justice sociale et à l’utilisation intelligente de matériaux locaux pour s’adapter et répondre au climat naturel, il travaille dans des pays marginalisés, où les contraintes et les difficultés sont nombreuses et où l’architecture et les infrastructures sont absentes », ont indiqué les organisateurs du prix Pritzker dans un communiqué.

Ce savoir architectural, Francis Diébédo Kéré le diffuse puisqu’il a enseigné à Berlin, à l’Université du Wisconsin à Milwaukee, à la Harvard Graduate School of Design. En 2013, il entre à l’Académie d’architecture de Mendrisio, en Suisse, en tant qu’enseignant. Des distinctions, l’homme en cumule : Prix Aga Khan d’architecture (2004), Global Award for Sustainable Architecture (2009), BSI Swiss Architectural Award (2010), Marcus Prize for Architecture (2011), Regional Holcim Award Gold 2011 for Africa Middle East, Global Holcim Award Gold (2012).

Et pour couronner le tout, il vient de décrocher le prix Pritzker. Un prix qu’il prend avec responsabilité : « C’est le prix le plus important qui existe en architecture, et je le gagne avec un travail qui ne correspond pas à ce que la fondation a l’habitude de distinguer. J’ai le sentiment que les thèmes que je porte sont devenus importants. La responsabilité qui m’incombe est donc de continuer à faire ce que je faisais, avec plus d’engagement encore ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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