Burkina Faso : que faut-il retenir de la première journée du procès des assassins de Thomas Sankara ?


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Thomas Sankara, ancien Président du Faso
Thomas Sankara, ancien Président du Burkina Faso

Le procès des assassins de Thomas Sankara a effectivement débuté ce lundi. Au terme de cette journée consacrée aux questions de formalités, l’audience est reportée au 25 octobre.

Ce lundu 11 octobre 2021 a vu l’ouverture du très attendu procès de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara. C’est la salle des Banquets de Ouaga 2000 qui sert de cadre aux assises. Les 12 accusés sur place y étaient bien présents. « Je ne peux rien vous dire pour l’instant, mais je vous invite à venir quand je témoignerai », a confié à Jeune Afrique, apparemment détendu, l’accusé le plus en vue en l’absence de Blaise Compaoré et de Hyacinthe Kafando : le général Gilbert Diendéré, sanglé dans son treillis militaire sur mesure, ses deux étoiles de général de brigade bien vissées sur les épaules.

9h10. Entrée du président de la chambre de première instance du tribunal militaire, l’homme qui aura la responsabilité de conduire les débats lors de ce procès, Urbain Méda. Lecture de l’ordonnance n°004 sur la délocalisation du tribunal dans la salle des Banquets de Ouaga 2000 ; appel des accusés et constat de l’absence effective de Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando.
Une difficulté s’est pointée au moment de tirer au sort les trois juges militaires qui joueront le rôle d’assesseurs et de suppléants. En effet, les généraux Brice Bayala et Ouédraogo Nazingouba désignés pour officier en tant qu’assesseurs ont tout simplement décliné l’offre. Le premier a évoqué des ennuis de santé tandis que le second a soulevé les liens privilégiés qu’il entretient avec deux des principaux accusés, à savoir Gilbert Diendéré et Blaise Compaoré dont il a d’ailleurs été le médecin personnel.

Dans la pratique, les assesseurs doivent avoir un grade égal ou supérieur à celui de l’accusé ayant le grade le plus élevé. Dans le cas d’espèce, Gilbert Diendéré est général, ce qui obligeait le président du tribunal à trouver des assesseurs ayant le même grade. Face à cette situation, le juge Urbain Méda a dû procéder à une suspension de l’audience afin d’obtenir une dérogation pour choisir des assesseurs de grade inférieur. À la fin, le rôle a été confié aux colonels-majors Boureima Ouédraogo, Alfred Somda, et au colonel Saturnin Poda.

À 15h 33, le président du tribunal a accédé à la demande des avocats commis d’office à la défense en renvoyant l’audience au 25 octobre 2021, soit un report de deux semaines, pour leur permettre de mieux s’imprégner du dossier. La requête des avocats des parties civiles qui souhaitaient que le procès soit filmé a été tout simplement rejetée.
Au sortir de l’audience, Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara, qui n’a pas du tout apprécié l’absence du principal accusé, n’a pas manqué de dénoncer la lâcheté de l’ancien Président : « Blaise Compaoré a fui et ne veut pas rentrer [au Burkina Faso] pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Un vrai homme viendrait s’expliquer », a-t-elle confié à la presse.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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