Deux mois après avoir commencé à utiliser les tests rapides pour le dépistage du paludisme, certaines structures de santé au Burkina Faso continuent à traiter des patients pour un paludisme même lorsque le résultat du test est négatif, selon des travailleurs de la santé communautaires.
Depuis juin 2009, le gouvernement a mis 240 000 tests rapides pour le paludisme à disposition de la moitié des 63 districts sanitaires du pays, a dit à IRIN Laurent Moyenga, coordinateur du Programme national de lutte contre le paludisme.
Dans le nord-ouest du Burkina Faso, dans un centre de santé de district à Ziga, qui dessert 13 villages et plus de 10 000 habitants, Soumaïla Salembere, le directeur du centre, a dit à IRIN que les enfants âgés de plus de six ans présentant des signes suspects de paludisme bénéficiaient d’un test rapide.
Il a dit à IRIN que si l’enfant avait de la fièvre, des maux de tête, une perte d’appétit, ou s’il vomissait, son centre lui administrait un traitement contre le paludisme, même si le résultat du test était négatif. « Le résultat pourrait être faussement négatif. Si le traitement contre le paludisme ne marche pas, alors nous cherchons une autre solution ».
Pour M. Moyenga, ce traitement n’est pas le bon. « Comment les travailleurs de la santé peuvent-ils décider de ce qui est positif ou négatif ? Ils ne peuvent pas dire qu’un résultat est faussement négatif sans dire qu’il y a aussi des résultats faussement positifs ».
Dans une récente évaluation des tests rapides, menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), deux marques de tests ont dépisté avec succès dans 95 pour cent des cas les parasites paludiques, mais les chercheurs estiment que la qualité de ces tests varie en fonction du fabricant, ainsi que des conditions de stockage et de transport.
La politique du Burkina Faso en matière de paludisme – qui s’aligne sur les recommandations de l’OMS concernant les résultats négatifs de test rapide – est de rechercher d’autres causes de maladies fébriles (caractérisées par la fièvre), y compris la méningite, les infections respiratoires et la fièvre typhoïde, a dit M. Moyenga. Il a cependant admis que les structures sanitaires n’étaient pas toutes équipées pour diagnostiquer la fièvre typhoïde.
David Bell, un scientifique de la Foundation for innovative new diagnostics, basée à Genève en Suisse, a dit à IRIN qu’il fallait définir de nouvelles approches pour diagnostiquer les maladies fébriles autres que le paludisme.
« Il faut beaucoup investir dans les diagnostics adaptés au niveau [communautaire] pour aider les travailleurs de la santé à au moins identifier et traiter, ou à référer, les patients qui ont une infection non paludique susceptible de les tuer. La plupart des enfants africains qui meurent souffrent de maladies autres que le paludisme ».
D’après l’OMS, les maladies les plus mortelles chez les enfants dans le monde sont le paludisme, la pneumonie et la diarrhée.
En 2008, le Burkina Faso a officiellement enregistré trois millions de cas de paludisme avec un taux de mortalité de deux pour cent, mais le nombre de personnes, parmi elles, qui souffraient réellement du paludisme n’est pas clair. « Nous analyserons les résultats des tests rapides et le nombre de traitements antipaludéens administrés pour évaluer le poids réel de la maladie », a dit M. Moyenga.
A la question de savoir si cette analyse pourrait être faussée par les centres de santé traitant des cas suspects, mais non confirmés, comme étant du paludisme quelque soient les résultats des tests rapides, M. Moyenga a répondu que la situation allait évoluer.
« Les travailleurs de la santé reçoivent actuellement une formation sur les tests. Les tests rapides sont relativement nouveaux ici… Certains travailleurs de la santé traitent toujours automatiquement pour le paludisme, et cela prendra du temps à changer ».