
Le gouvernement burkinabè a annoncé l’inauguration officielle du Mausolée Thomas Sankara et de ses 12 compagnons pour le 17 mai prochain. Cette date hautement symbolique, qui commémore le déclenchement de la Révolution démocratique et populaire en 1983, marque un tournant mémoriel dans la reconnaissance de l’héritage politique du leader révolutionnaire.
Le gouvernement burkinabè a annoncé ce jeudi 24 avril 2025 l’inauguration prochaine du Mausolée Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, prévue pour le 17 mai 2025 à Ouagadougou. L’événement, hautement symbolique, se tiendra sous le haut patronage du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui entend ainsi inscrire davantage son action politique dans la continuité de l’héritage révolutionnaire de celui que beaucoup surnomment encore le « Che Guevara africain ».
Une inauguration chargée de symboles
La date du 17 mai n’a pas été choisie au hasard. Elle marque un tournant majeur dans l’histoire politique du Burkina Faso. Le 17 mai 1983 est, en effet, considéré comme le point de départ de la Révolution démocratique et populaire (RDP), amorcée par l’arrestation de Thomas Sankara, alors Premier ministre du Conseil du Salut du Peuple (CSP). Moins de trois mois plus tard, le 4 août 1983, Sankara accédait au pouvoir, initiant une profonde transformation du pays, alors appelé Haute-Volta.
C’est donc 42 ans jour pour jour après cet événement fondateur que le Burkina Faso rendra un hommage solennel à l’un de ses fils les plus illustres, en inaugurant ce monument mémoriel, véritable lieu de recueillement et de transmission.
Un devoir de mémoire et de transmission
Selon Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, l’érection du mausolée a pour objectif non seulement de célébrer la mémoire du capitaine Sankara et de ses 12 compagnons assassinés le 15 octobre 1987, mais aussi de préserver leur héritage politique et de valoriser l’engagement révolutionnaire qui a marqué l’histoire contemporaine du Burkina Faso et de l’Afrique.
Thomas Sankara, Président de 1983 à 1987, reste une figure centrale du panafricanisme, admirée pour son intégrité, son rejet de la corruption, son appel à l’autosuffisance économique et son combat pour la souveraineté africaine. Son assassinat lors du coup d’État du 15 octobre 1987 a longtemps été un sujet tabou, jusqu’à la réouverture du dossier judiciaire ces dernières années et la condamnation en 2022 de plusieurs responsables impliqués dans sa mort, dont son successeur Blaise Compaoré.
Une réappropriation politique de la figure sankariste ?
L’annonce de l’inauguration du mausolée s’inscrit dans un contexte politique où le régime militaire dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré semble vouloir réactiver les symboles de la révolution sankariste, tant pour renforcer sa légitimité que pour rallier une jeunesse en quête de repères. Depuis sa prise de pouvoir en septembre 2022, Traoré multiplie les références à Sankara, tant dans le discours que dans les actes. La construction du mausolée, initiée sous les gouvernements précédents, prend aujourd’hui une tournure hautement politique, à un moment où le pays est toujours confronté à une insécurité persistante liée à la menace terroriste.
Le mausolée, situé sur le site de l’ancien Conseil de l’Entente à Ouagadougou, où Thomas Sankara et ses compagnons ont été assassinés, comprendra un espace muséal, des sculptures, des fresques murales, et des installations commémoratives retraçant l’histoire de la Révolution d’août 1983. Il s’agit d’un lieu destiné à accueillir les citoyens, les chercheurs, les jeunes générations et les visiteurs étrangers souhaitant mieux comprendre le rôle de Sankara dans l’histoire africaine contemporaine.