Au moins 180 corps sans vie ont été retrouvés dans des fosses communes, dans la ville de Djibo, dans la partie Nord du Burkina Faso. Selon le rapport de Human Rights Watch, les habitants de cette région indiquent que ces corps sans vie d’hommes appartenant à l’ethnie Fulani ou Peulh, avaient été abandonnés entre novembre 2019 et juin 2020, le long des routes principales de Djibo, après avoir été tués par les forces de sécurité gouvernementale, qui contrôlaient cette ville à l’époque.
A en croire ce document, parmi les victimes, au moins 114 ont été enterrés dans 14 fosses communes, lors d’un enterrement collectif, au mois de mars dernier, avec l’approbation des autorités militaires et locales.18 autres ont été enterrés dans des fosses communes à l’Est de la ville de Djibo, au début du mois d’avril. Pour Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, le gouvernement burkinabè devrait demander l’implication des Nations Unies afin de procéder à la restitution des corps aux familles et à fournir d’amples détails sur cette violation des droits de l’Homme.
« Les autorités du Burkina Faso devraient dévoiler de toute urgence qui a fait de Djibo un terrain d’exécutions sommaires. Les informations existantes désignent les forces de sécurité gouvernementales, il est donc essentiel de mener des enquêtes impartiales, de recueillir correctement des preuves, et d’informer les familles de ce qui est arrivé à leurs proches », rappelant ainsi au gouvernement sa mission de garantir la sécurité à la population. « Les habitants de Djibo devraient se sentir protégés et non terrifiés par leur propre armée. Le fait que le gouvernement n’ait pas tenu ses promesses de rendre des comptes pour les précédentes allégations d’abus des forces de sécurité, notamment à Djibo, semble avoir enhardi les auteurs de ces actes. Il est indispensable que les autorités du Burkina Faso mettent un terme aux exécutions extrajudiciaires par des enquêtes crédibles et indépendantes »
Après avoir été saisi par cette organisation de défense des droits de l’Homme, le 3 juillet dernier, le ministre burkinabé de la Défense, Moumina Chérrif Sy, a promis, au nom du gouvernement, de diligenter des enquêtes sur les allégations, précisant que les groupes armés avaient commis ces exécutions en utilisant les uniformes des forces de sécurité gouvernementale. « difficile pour les populations de faire la différence entre les Groupes Armés terroristes et les Forces de Défense et de Sécurité »
Pour rappel, depuis 2016, les groupes islamistes armés ont considérablement accru leur présence au Burkina Faso. Selon les chiffres des Nations Unies, l’ activisme de ces groupes rebelles a conduit au déplacement de plus de 12 000 personnes.