La justice burkinabè s’est déclarée incompétente sur la demande faite par la famille de Thomas Sankara d’exhumer le corps de l’ex-dirigeant du Burkina Faso pour vérifier que c’est bien lui qui a été enterré.
Ce mercredi, la justice burkinabè s’est déclarée incompétente sur la demande faite par la famille de Thomas Sankara d’exhumer le corps de l’ex-dirigeant du Burkina Faso pour vérifier que c’est bien lui qui a été enterré. Thomas Sankara a été assassiné en 1987 lors d’un coup d’Etat qui, faut-il le rappeler avait porté au pouvoir l’actuel Président Blaise Compaoré.
L’énoncé de la décision a fait monter la colère chez une centaine de personnes présentes au tribunal. Elles ont manifesté ainsi manifesté dans l’enceinte même du tribunal, scandant « A bas la justice burkinabé », « A quand la vérité pour le peuple burkinabè ? ».
« C’est une décision qui fait honte. Mais il y a des voies de recours. On va aller vers la cour d’Appel, car nous estimons que le droit n’a pas été dit », a lancé l’avocat de la famille de Thomas Sankara, Me Bénéwendé Sankara, qui précise que le tribunal a évoqué deux dispositions techniques pour motiver sa décision. La première portant sur l’organisation des juridictions au Burkina Faso, la seconde sur le code de procédure civile.
L’avocat qui, selon l’AFP souligne que « depuis 1997, nous avons été devant toutes les juridictions burkinabè, mais pas un seul juge n’a eu le courage de rendre une décision sereine dans l’affaire du Président Sankara » est d’avis que « la justice ne peut pas être indépendante dans cette affaire. La justice burkinabè est une justice aux ordres ».
Cette décision de la justice burkinabè va ainsi à l’encontre de la requête du Comité des droits de l’homme de l’ONU qui, en 2006, avait demandé à l’Etat burkinabé d’élucider l’assassinat de Thomas Sankara, de fournir à la famille les moyens d’une justice impartiale, de prouver le lieu de son enterrement et de dédommager la famille pour le traumatisme subi.
A rappeler que Thomas Sankara était arrivé à la tête de la Haute-Volta le 4 août 1983, par un putsch. Le capitaine de l’armée avait alors rebaptisé cette ex-colonie française en Burkina Faso qui signifie « Pays des hommes intègres ».