Une délégation de la CEDEAO, arrivée jeudi, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, a rencontré, le Président de la transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba pour l’écouter et voir dans quelle mesure l’institution régionale pourrait accompagner son régime. Il s’agit de la première rencontre que les deux parties ont depuis la validation de la Charte de la transition.
Depuis la validation, le 1er mars dernier, de la Charte de la Transition qui octroie généreusement trois ans au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et son équipe à la tête du Burkina Faso, la réaction de la CEDEAO était fortement attendue. Si l’institution régionale n’a pas officiellement pris position sur la durée de transition que se sont adjugée les lieutenants-colonels au pouvoir au pays des hommes intègres, elle n’a toutefois pas rompu le dialogue avec les nouvelles autorités de Ouagadougou. Le dialogue, c’est bien pour cela qu’une délégation conduite par la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, a foulé, ce jeudi 17 mars, le sol burkinabè.
Après une séance de travail avec une délégation burkinabè à la tête de laquelle se trouvait l’homologue de Shirley Ayorkor Botchway, Olivia Rouamba, la mission de la CEDEAO a rencontré le Président de la transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba en personne. Pour l’écouter et voir les mesures d’accompagnement qui pourraient être prises pour faciliter la tâche aux nouvelles autorités burkinabè. « À la suite du changement intervenu à la tête de l’État, le 24 janvier 2022, la mise en place de la Transition et l’investiture du Président, les chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO nous ont mandatés de rencontrer les nouvelles autorités, même si le Burkina Faso est suspendu des instances de l’organisation », a expliqué la cheffe de la délégation, Shirley Ayorkor Botchway.
Au sujet de la durée de la transition, la ministre ghanéenne des Affaires étrangères estime que « l’autorité [leur] a expliqué les raisons pour lesquelles la Transition devrait durer trois ans, notamment la lutte contre le terrorisme et la résolution de la crise humanitaire ».
« Le Président Damiba a donné des réponses que nous allons transmettre à la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO », poursuit-elle, ajoutant avoir eu « des discussions franches » avec la partie burkinabè.
La délégation de la CEDEAO s’est également intéressée au sort du Président Roch Marc Christian Kaboré à qui elle a rendu visite. « Nous avons pu le rencontrer et échanger avec lui. Il est bien portant et dans un bon état d’esprit », a témoigné Madame Botchway. Au total, la CEDEAO s’est montrée très conciliante avec les autorités de la Transition burkinabè. Les résultats contre-productifs des dures sanctions prises contre le Mali en raison de la durée de la transition proposée – cinq ans revus à quatre ans – ont-ils ramolli la position des chefs d’État de la CEDEAO généralement enclins à demander une transition de 18 mois ? Tout semble le prouver.
En tout cas, les mots de la cheffe de mission qu’ils ont déléguée à Ouagadougou montrent clairement qu’ils sont aux côtés des nouvelles autorités burkinabè : « Ce qui affecte le Burkina Faso nous affecte tous. Et ce n’est pas dans ces moments difficiles que la CEDEAO va abandonner le Burkina Faso (…) Les chefs d’État de la CEDEAO ont clairement déclaré que le Burkina Faso ne sera pas abandonné, et que la CEDEAO va accompagner le Burkina dans la mise en œuvre de la Transition ». Voilà qui est dit.