Partie de Koudougou, la contestation populaire suite à la mort suspecte de l’élève Justin Zongo a gagné tout le reste du pays, désormais en proie aux flammes incendiaires des manifestants. Après les appels au calme, le gouvernement burkinabè promet désormais de durcir le ton. Une manifestation de l’association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) est néanmoins prévue ce vendredi à Ouagadougou.
De notre correspondant
Le Burkina Faso est à feu. Après l’accalmie du Fespaco, les vastes mouvements de protestations scolaires et estudiantines, consécutives à la mort suspecte de l’élève Justin Zongo, ont repris de plus belle, mardi et mercredi, juste après la réouverture des écoles lundi. Dans les localités de Koupéla, Pouytenga, Gourcy, Yako, Dori, Boulsa, Diapaga, Fada N’Gourma, Ouahigouya, les élèves ont tout brûlé sur leur passage, s’en prenant particulièrement aux édifices publics et aux commissariats de police, laissant s’échapper plus d’une vingtaine de détenus.
Mais c’est Ouahigouya, la quatrième ville du Burkina Faso, à 180 km au nord de Ouagadougou, qui a été le point d’orgue de cette furie incendiaire. Pour la première fois, les protestataires, infiltrés de badauds et de petits commerçants, s’en sont pris directement aux biens privés et au parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès, dont le siège a été incendié.
Les écoles fermées
Pour étouffer la grogne des scolaires, le gouvernement burkinabè a décidé de la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, des établissements d’enseignements du post-primaire jusqu’au secondaire. Dans un communiqué radiodiffusé mercredi, il a dénoncé « l’utilisation des élèves comme boucliers humains par les organisateurs des manifestations ».
Cette reprise des hostilités sonne comme un échec de la stratégie d’apaisement du gouvernement burkinabè. Craignant d’avoir d’autres morts sur les bras, le gouvernement avait choisi de n’opposer aucune résistance à la « revendication légitime » des scolaires, espérant ainsi une accalmie. En outre, il n’avait pas hésité à sacrifier le directeur de la police et le gouverneur de la région du centre-ouest, relevés de leurs fonctions, à libérer les manifestants interpellés et à prendre en charge les soins des blessés. Ces mesures n’ont pas fonctionné et l’heure est à la fermeté. Dans un communiqué, publié lundi 7 mars, Baba Hama, le porte-parole du gouvernement burkinabè, a prévenu que le gouvernement « prendra ses responsabilités pour que cessent ces agissements contraires aux règles qu’impose l’Etat de droit à chaque citoyen. »
Ces mises en gardes vont-elles désamorcer une colère de plus en plus grande ? Rien n’est moins sûr, surtout qu’entre manifestants et gouvernement règne un dialogue de sourds. Alors que l’Union nationale des étudiants du Faso (UNEF) exige la démission des ministres de la santé et de la sécurité, comme condition sine qua non à toute cessation des manifestations, la puissante association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) prévoit de protester « pacifiquement » ce vendredi dans les rues de Ouagadougou. Mais dans la capitale burkinabè, cette marche est perçue déjà comme celle de tous les dangers.