Les accusés jugés dans le cadre du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 collaborateurs seront fixés sur leur sort, ce mercredi. Un verdict très attendu au Burkina Faso, surtout dans le rang des proches des victimes.
Mercredi 6 avril 2022. Un jour pas ordinaire au Burkina Faso. Jour du verdict du procès de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara et de ses 12 collaborateurs, après six mois d’audience parsemée de suspensions. Au total, 14 accusés, dont 12 ont pu défiler devant le tribunal militaire présidé par le juge Urbain Méda. Deux gros morceaux, Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, l’un dans un exil doré chez le voisin ivoirien qui lui a octroyé la citoyenneté pour le protéger de la justice du pays qu’il a dirigé pendant 27 années, et l’autre dans le même pays, mais “en brousse”, ont, par leur absence, laissé un goût d’inachevé à ce procès qui se veut historique.
Historique, parce que ce n’était pas gagné d’avance. En 27 ans de pouvoir sans partage, Blaise Compaoré, le commanditaire présumé du coup, en tout cas le plus grand bénéficiaire de la boucherie du 15 octobre 1987, aura tout fait pour empêcher l’ouverture d’une action judiciaire. En dépit de la détermination des proches des victimes à obtenir justice pour leurs parents froidement abattus, certains par leurs frères d’armes, d’autres par leurs compatriotes simples. En tête de liste de ces proches de victimes, la veuve de Thomas Sankara, Mariam, qui a personnellement fait le déplacement depuis la France où elle vit depuis des années pour prendre part à plusieurs audiences de ce procès. Elle attend donc comme beaucoup d’autres Burkinabè, le verdict de ce jour.
« Ça fait des années que nous attendons. Nous avons entendu les réquisitions. On attend le verdict final », avait laissé entendre la veuve la plus célèbre du Burkina Faso, à l’issue du réquisitoire du parquet, le 8 février 2022. Le procès Sankara, c’est aussi 110 témoins écoutés. Des personnalités de tous acabits, civiles et militaires, membres du Conseil national de la révolution (CNR) ou non, de hauts responsables politiques – anciens ministres et même l’ancien Président ghanéen et ami personnel de Thomas Sankara, Jerry Rawlings dont la déposition a été lue – ont témoigné.
Même si la vérité des faits tels qu’ils se sont déroulés le 15 octobre 1987 ne sera peut-être jamais connue, faute de preuves concrètes – beaucoup d’éléments ont été oblitérés par le temps, certains personnages clés ne sont plus en vie – et à cause de la dénégation systématique ou l’omerta adoptée par certains acteurs clés écoutés au cours du procès, qui, manifestement, n’ont pas dit tout ce qu’ils savaient, le procès aura quand même eu le mérite d’être tenu, 35 ans après les faits. Ce qui constitue déjà une grande victoire pour ceux qui se sont battus, depuis des années, pour que ce crime odieux commis soit un jour jugé. Rendez-vous donc pris pour 10 heures, heure de Ouagadougou pour le verdict.