Burkina Faso : Ibrahim Traoré parviendra-t-il à obtenir l’extradition de Paul-Henri Sandaogo Damiba ?


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Le capitaine Ibrahim Traoré
Le capitaine Ibrahim Traoré

Au cours d’une interview qu’il a accordée à la télévision nationale burkinabè, samedi ( octobre 2024, Ibrahim Traoré a évoqué la question de son prédécesseur cité dans le massacre de Barsalogho et la dernière tentative de coup d’État déjouée. Le capitaine a indiqué être en pourparlers avec les autorités togolaises pour une extradition de l’ancien dirigeant.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba vit peut-être ses derniers jours d’exil en territoire togolais. Peut-être pas. Depuis son renversement par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, l’ancien Président a été accueilli par le Togo. Mais la quiétude dont jouit Paul-Henri Sandaogo Damiba au pays de Faure Gnassingbé pourrait finalement être de courte durée, au regard des derniers événements qui ont agité le Burkina Faso. Fin septembre, le ministre burkinabè de la Sécurité a fait une déclaration dans laquelle il révèle une tentative de coup d’État dont l’une des étapes était le massacre de Barsalogho qui a fait des centaines de victimes. Parmi les personnalités citées comme étant impliquées dans cette tentative, figure le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Lors de l’interview qu’il a accordée à la télévision nationale burkinabè, ce samedi, le Président du Faso a parlé de Barsalogho.

« Barsalogho et moi, il y a une histoire »

Au sujet du drame de Barsalogho qui a endeuillé le Burkina Faso fin août, Ibrahim Traoré a déclaré qu’il était « personnellement visé ». Et d’ajouter : « Barsalogho et moi, il y a une histoire (…) En juillet 2022, j’ai défié beaucoup d’ordres pour m’interposer pour que Barsalogho ne tombe pas. J’ai sacrifié beaucoup de choses à Barsalogho. Ils ont ciblé Barsalogho parce que ça allait me toucher ». Pour le Président du Faso, d’importantes actions suivront la mise à disposition du rapport final sur ce qui s’est produit à Barsalogho. Il a par exemple indiqué que des lois ont été adoptées pour que les personnes mortes dans la guerre contre le terrorisme soient considérées comme des martyrs tandis que leurs enfants seront pris en charge par l’État en qualité de pupilles de la nation.

Le cas Damiba

Sur le cas de son prédécesseur, Paul-Henri Sandaogo Damiba, Ibrahim Traoré a indiqué qu’il menait des discussions avec les autorités de Lomé en vue de son extradition vers le Burkina-Faso. « Nous avons repris les discussions avec les autorités togolaises. En toute honnêteté, au départ, on n’a pas voulu être désagréable avec un ancien président. Nous communiquons avec les autorités togolaises et eux-mêmes ont été surpris de l’agissement de Damiba avec les terroristes dans le drame de Barsalogho », a expliqué le capitaine.

La question qui se pose maintenant est : que fera Lomé ? La réponse est d’autant plus difficile que le Togo entretient des relations plutôt chaleureuses avec l’AES et par ricochet avec le Burkina Faso. Refuser d’extrader Damiba pourrait être interprété par les autorités burkinabè comme une caution donnée à un homme qui a voulu déstabiliser leur pays. Dans le même temps, accepter de le mettre à la disposition de son pays pourrait être vu comme une façon de livrer un ancien Président à qui le Togo accordait asile et sécurité. Le Togo se trouve face à un véritable dilemme qu’il sera obligé de trancher dans les jours qui viennent.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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