Burkina Faso : déclaré « enlevé », Mousbila Sankara désormais de retour parmi les siens


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Mousbila Sankara
Mousbila Sankara

Interpellé au petit matin du mardi 11 juin 2024, Mousbila Sankara a finalement été déposé chez lui dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 juin. Entre temps, sa famille a alerté sur l’enlèvement.

L’ancien ambassadeur du Burkina Faso en Libye et compagnon du Président Thomas Sankara, Mousbila Sankara, est désormais de retour chez lui. Selon les propos des membres de sa famille rapportés par le site d’informations wakatsera.com, l’homme a été ramené chez lui dans la nuit de mercredi.

La famille avait donné l’alerte

Mousbila Sankara, oncle et ancien compagnon de Thomas Sankara a, selon ses proches, été interpellé, mardi alors qu’il revenait de sa prière de 5 heures du matin, par des hommes qui se sont présentés comme des agents de renseignements. Ceux qui ont interpellé le vieil homme de 80 ans lui ont tout de même permis d’aller chercher ses médicaments puisqu’il est sous traitement. Ils ont, par la même occasion, promis à la famille de le ramener aux environs de 14 heures. N’ayant pas eu des nouvelles de leur parent 24 heures plus tard, la famille a donné l’alerte, indiquant que Mousbila Sankara avait été « enlevé ».

Une série d’interpellations sans mandats

L’inquiétude de la famille Sankara trouve son fondement dans la série d’interpellations sans mandats qui s’opère dans le pays depuis quelques mois. Les exemples de l’avocat et militant des droits humains, Guy Hervé Kam, du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana enlevé au lendemain de sa remise en liberté provisoire après plusieurs mois passés en détention, ou encore du médecin et activiste Arouna Loure, continuent de défrayer la chronique. Pour le cas spécifique de Mousbila Sankara, on sait qu’il avait adressé en mai, une lettre ouverte au Président Ibrahim Traoré.

Dans cette missive, l’ancien révolutionnaire avait exprimé de « sérieuses inquiétudes » par rapport à la direction que prennent les événements dans le pays, et prodigué des conseils au Président Traoré. « Je viens par ce courrier vous apporter ma contribution pour la veille citoyenne. Je choisis ce canal (presse) pour n’avoir pas eu une suite favorable à ma demande d’audience déposée courant avril 2024 », lit-on au début du courrier ayant pour objet : contribution volontaire et payante.

La lettre ouverte de Mousbila Sankara : le problème ?

Au sujet de ses inquiétudes, Mousbila Sankara affirme : « Je constate que vous vous appliquez à commettre les mêmes fautes graves que vos prédécesseurs et cela m’inquiète ».

Rappelant les actes des dirigeants passés du Burkina Faso, l’ancien ambassadeur a indiqué qu’ils « se sont trompés de cible et ont toujours pris les syndicats et leurs organes pour des adversaires ». Et de conseiller au capitaine Traoré : « Évitez d’être complice de certains activistes dans la liquidation des droits fondamentaux des travailleurs acquis depuis longtemps. Ouvrez l’espace public aux citoyens pour l’expression de leur liberté ».

Cette lettre a-t-elle été perçue comme un affront par l’équipe dirigeante du Faso ? De toutes les façons, la raison de l’interpellation de Mousbila Sankara n’a pas été révélée.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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