Il n’aura fallu que 48 heures au peuple du pays des hommes intègres pour chasser du pouvoir Blaise Compaoré. Retour sur les principaux évènements de la chute du désormais ex-Président du Burkina Faso.
Jamais Blaise Compaoré n’aurait imaginé que sa chute serait aussi rapide. C’est en 48 heures que le peuple du Faso a eu raison de lui, surprenant le désormais ex-Président du Burkina Faso. Il a annoncé officiellement, ce vendredi, sa démission, dans un communiqué, aux alentours de 13 h (heures locales). Il y évoque une transition de 90 jours, assurant accepter la vacance du pouvoir, priant en conclusion pour que Dieu bénisse le Burkina Faso.
Jeudi, jour de vérité
Tout s’est accéléré jeudi matin, à partir de 10 h (heure locale), à Ouagadougou, la capitale du pays. Des milliers de manifestants, un million selon l’opposition, déferle vers le Parlement. Les protestataires contestent alors le vote de la révision de la Constitution qui devait permettre le maintien au pouvoir de Blaise Compaoré. Seulement, les manifestants ne laissent même pas le temps aux députés de se prononcer sur la question. Plusieurs centaines d’entre eux pénètrent dans l’enceinte du Parlement, saccagent tout sur leur passage, provoquant la fuite des policiers, brûlant l’Assemblée nationale. La situation est alors extrêmement confuse. On parle déjà d’un mort.
Dans la deuxième ville du pays pays, des protestataires brûlent le siège du parti présidentiel et la mairie de la localité. Dans le même temps, une partie de l’armée encore fidèle au Président Blaise Compaoré affronte les manifestants pour tenter de les contenir. Certains observateurs sur place affirment que des balles réelles sont tirées sur la foule. Cette dernière, d’ailleurs qui ne décolèrent pas, annonce qu’elle compte se diriger vers le palais présidentiel pour déloger Blaise Compaoré et le contraindre à quitter le pouvoir !
Le pouvoir capitule face au peuple
Face à la situation chaotique du pays, le gouvernement annonce, dans un communiqué, l’annulation du vote du projet de loi, appelant la population au calme et à la retenue. Mais cette annonce ne suffit pas à calmer les manifestants, qui veulent beaucoup plus : la démission de Blaise Compaoré ! L’armée se réunit alors avec les principaux leaders d’opposition, indiquant qu’une annonce sera effectuée après cette concertation sur la suite des évènements. Mais Blaise Compaoré, qui ne compte pas démissionner, prend les devants et annonce la dissolution du gouvernement, décrétant un couvre-feu.
La confusion règne de plus belle dans le pays après une telle annonce, qui ne concorde pas avec celle de l’armée. Après une attente interminable pour les manifestants, le chef d’état-major des armées, Honoré Traoré, annonce à son tour la dissolution de l’Assemblée nationale et l’instauration d’un gouvernement de transition. « Cet organe de transition va être mis en place dans le cadre de consultations avec tous les partis politiques et l’ordre constitutionnel sera rétabli dans un délai qui ne devrait pas excéder 12 mois », affirme le général Honoré Traoré, lors d’une conférence de presse.
C’est l’imbroglio politique. Qui croire ? L’armée qui n’indiquait pas officiellement si le chef d’Etat burkinabè est toujours au pouvoir ni qui est aux commandes du pays. Où se trouve Blaise Compaoré ? Des questions qui trottent donc toute la nuit dans l’esprit des Burkinabè qui se réveillent tous, ce vendredi matin, dans la confusion totale. Dès les premières lueurs de la matinée, sous le soleil brûlant du Burkina Faso, une masse de manifestants, qui ne veulent entendre rien d’autre que la démission de Blaise Compaoré, se rassemblent sur la place de la Nation. Ils attendent alors impatiemment une annonce de l’armée, espérant qu’elle se range de leur côté, pour leur annoncer que Blaise Compaoré n’est plus au pouvoir et le nom du nouveau chef du pays.
La chute
Finalement, la nouvelle tombe en fin de matinée : Blaise Compaoré n’est plus au pouvoir, selon l’armée, annonce à la foule le mouvement du Balais citoyen. Explosion de joie ! On danse. On saute. On s’embrasse. On pleure de bonheur. On annonce l’information sur les réseaux sociaux ! Et à peine une heure après, alors qu’on s’interroge sur le sort de Blaise Compaoré, ce dernier annonce officiellement sa démission, signée dans un communiqué.
Ainsi Blaise Compaoré, meurtrier de Thomas Sankara, son frère d’arme, est à son tour mort politiquement. A la seule différence qu’il n’a été ni trahi, ni tué par un ami, ou un frère. Mais destitué par son peuple, qui a repris le pouvoir en main et retrouvé sa souveraineté, après l’avoir averti que ses ambitions lui coûteraient cher. On ne récolte que ce que l’on a semé… Une page du Burkina Faso vient d’être fermée par le peuple. Le pays des hommes intègres va désormais écrire une nouvelle page de son histoire. Mais cette fois-ci avec sa propre encre…