L’altercation qui a opposé les militaires aux policiers du mardi au mercredi s’est soldée par la mort de cinq personnes et la destruction de nombreux biens matériels. Les militaires sont retournés dans leurs casernes. Mais la crise a, à l’évidence, laissé des séquelles. Les sommets de l’Uemoa et de la Cedeao prévus aujourd’hui et demain à Ouagadougou ont été annulés.
Le militaire dont la mort a été le détonateur de la crise, le soldat de 2e classe Adi Kaboré a été porté en terre par ses frères d’armes au cimetière militaire de Gounghin, jeudi, en fin de matinée. Les affrontements entre les deux protagonistes auraient fait 5 morts( 2 du côté de la police et 3 au niveau des militaires), selon les sources officielles. « Le bilan des événements est macabre: nous avons perdu deux policiers, trois soldats et avons dénombré des blessés de part de d’autre, sans compter les blessés parmi les civils du fait des balles perdues », a annoncé jeudi le ministre de la Défense, Yéro Boly.
Le Ministre Boly a regretté que les infrastructures de la police, notamment la logistique et les bâtiments, ont été atteintes du fait de ces incidents. Ce dernier a ajouté que « la situation est sous contrôle, les soldats ont décidé de réintégrer leur caserne, de rendre le matériel (armes et véhicules) et de reprendre correctement leur service ».
Les manifestations de représailles du mercredi se sont soldées par des dégâts matériels importants au niveau de trois commissariats de la capitale, la direction nationale de la Police et le camp de la Compagnie Républicaine de sécurité (CRS). La mairie centrale de Ouagadougou n’a pas été épargnée par la furie des militaires. Par ailleurs, la porte principale de la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco) a été défoncée et plusieurs prisonniers s’en seraient échappés, dans la nuit de mercredi.
Des gendarmes ont remplacé les policiers qui avaient été délogés la veille de certains commissariats et du camp de la CRS, tandis que des éléments armés de la Garde présidentielle étaient déployés autour de l’ancienne présidence (la nouvelle vient d’être emménagée à Ouaga 2000). Dès les premières heures du vendredi, le centre-ville avait retrouvé son visage habituel, la circulation avait repris et la plupart des commerces étaient ouverts.
Concertations au sommet pour décrisper la situation
Selon des sources anonymes, un comité de crise a réuni, le jeudi matin, le chef de l’Etat, le Premier ministre et les ministres en charge de la défense et de la sécurité. Par la suite des échanges se sont poursuivis, dans la soirée, entre le ministre de la défense, la hiérarchie militaire et les jeunes militaires en colère.
Tout en réaffirmant le nécessaire retour au calme et à la solidarité entre les différents corps militaires et paramilitaires, les Autorités se sont engagées à étudier les préoccupations soumises par les militaires, issus pour la plupart du Camp Guillaume Ouédraogo.
Après ces violences, les autorités se sont résolues à reporter sine die les sommets des chefs d’Etat de la Cedeao et de l’Uemoa, qui devraient se tenir les 22 et 23 décembre dans la capitale burkinabé. « Pour le moment, aucune date n’a été fixée » pour la tenue des sommets, a indiqué un communiqué signé par le ministre délégué aux Affaires étrangères, Dieudonné Somda.
L’organisation des deux sommets au Burkina Faso, devait marquer le choix du président Blaise Compaoré en tant que président en exercice des deux institutions sous-régionales ; succédant ainsi au président nigérien Mamadou Tandja.
Tiego Tiemtoré, correspondant d’Afrik.com au Burkina Faso