Le fauteuil du Président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, était-il menacé ? Tout porte à le croire, puisque dans l’après-midi du mardi 11 janvier 2022, le Parquet militaire de Ouagadougou a publié un communiqué annonçant l’arrestation de huit soldats qui nourrissaient « un projet de déstabilisation des institutions de la République ».
« Le 8 janvier 2022, le Parquet militaire de Ouagadougou était saisi par dénonciation d’un membre de la bande, d’une allégation d’un projet de déstabilisation des institutions de la République que projetait un groupe de militaires. Nanti de cette information, nous avions instruit la police judiciaire militaire d’ouvrir une enquête circonstanciée pour élucider cette affaire. Ainsi, à la date du 11 janvier 2022, huit ont déjà été interpellés et interrogés pour les besoins de la cause. À l’issue de cette étape, une suite sera donnée à cette procédure conformément aux règles de procédure dans le strict respect de la présomption d’innocence et du droit à la réponse ».
Voilà la substance du communiqué rendu public, mardi 11 janvier, par le Parquet militaire de Ouagadougou. Au nombre des personnes arrêtées, le lieutenant-colonel Mohamed Emmanuel Zoungrana. Chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando, il commandait également le secteur ouest du groupement des forces de sécurisation du Nord. De source sécuritaire, « des soupçons de complot en vue d’une déstabilisation [du pouvoir] avec des ramifications à l’étranger » pesaient sur des militaires depuis les manifestations du 27 novembre 2021. Dépassés par les attaques d’Inata qui avaient coûté la vie à au moins 57 personnes dont 53 gendarmes, les Burkinabè étaient massivement descendus dans les rues, le 27 novembre, pour dénoncer l’incapacité du gouvernement à lutter efficacement contre les djihadistes et demander le départ de Roch Marc Christian Kaboré. Des militaires étaient alors soupçonnés de vouloir profiter du chaos pour perpétrer un coup d’État.
Il est vrai qu’à l’étape actuelle de la procédure d’enquête relative au projet de coup d’État, la culpabilité des militaires mis aux arrêts n’est pas encore établie. Mieux, il n’est pas encore prouvé que les huit militaires arrêtés sont ceux qui étaient soupçonnés de vouloir profiter des manifestations du 27 novembre pour faire leur coup. Le lieutenant-colonel Zoungrana a, selon certaines sources, des prises de position parfois très critiques sur la gouvernance dans son pays. D’où la question de savoir si Roch Marc Christian Kaboré vient-il effectivement d’échapper à un putsch ? Ou alors, a-t-on voulu faire taire un officier qui affichait des positions qui n’arrangeaient pas nécessairement le pouvoir ?
La suite de l’enquête fixera sans doute les uns et les autres sur ce qui se tramait véritablement au Burkina Faso. Ce qui est certain, c’est qu’avec un nouveau putsch, l’Afrique de l’Ouest aura battu tous les records depuis 2020 où elle totalise trois coups d’État, dont deux au Mali et le troisième en Guinée.