En 1997 éclatait le phénomène « Buena Vista Social Club » : l’un des plus grands succès de l’histoire du disque avec 8 millions d’exemplaires écoulés, et disque qui allait déclencher une délirante «salsamania» dans de nombreux pays, traduite par la multiplication de cours de salsa – vogue qui perdure encore aujourd’hui… Ces musiques cubaines font désormais partie des musiques classiques partagées par le monde entier, au même titre que Bach ou Mozart. Belle revanche pour les descendants d’esclaves méprisés et maltraités jadis, et qui font aujourd’hui danser toute la planète !
Un nouvel album du Buena Vista Social Club ? Près de 20 ans après la sortie du désormais cultissime album homonyme, et alors que beaucoup de ses membres sont décédés : Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalez ? Le label World Circuit, qui avait sorti en 1997 le disque-phénomène « Buena Vista Social Club », et quelques autres ensuite avec des artistes de ce groupe, a en effet exhumé quelques titres non encore gravés en disque, enregistrés en studio ou en concert.
Et nous n’allons pas bouder notre plaisir ! Car même si nous connaissons par cœur la plupart des titres et compositions de l’album – classiques de la chanson cubaine, devenus familiers à nos oreilles grâce à ce disque ! – les versions qu’ils nous proposent sont fraîches, riches, et intenses, comme toutes les interprétations de ces artistes géniaux. Ainsi, quand Omara Portuondo reprend « Lagrimas Negras » c’est bien, comme il en va en jazz pour les reprises de titres célèbres, un « nouveau » « Lagrimas Negras » qui nous est offert, et que nous goûtons pleinement. Et de même pour chacun des 13 titres de l’album.
Parfois on entend les clameurs enthousiastes du public, ce qui ajoute à notre plaisir. Et nous songeons, rêveuse, à nos séjours à Cuba, à ces dimanches après-midi où tout le monde danse, dans les villes de province, au son d’orchestres très semblables à celui-ci, et avec des musiciens parfois aussi âgés… Mais nous songeons aussi à ces boîtes de nuit où les jeunes Cubains écoutent désormais des musiques mondialisées, modèles venus d’Amérique, très loin des cha-cha-cha et des rumbas de leurs grands-parents…
Nulle nostalgie ni jugement ici : ces musiques cubaines, géniales, des années 40 et 50, sont désormais des classiques de la musique mondiale. Au même titre que Bach ou Mozart. Et, comme les musiques composées par ces derniers, elles seront éternelles – même si les jeunes semblent aujourd’hui les délaisser, et ne les écoutent pas dans les boîtes de nuit à la mode…!