Budget 2025 : l’Afrique du Sud augmente sa TVA à 15,5 %


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L’Afrique du Sud entame une réforme fiscale ambitieuse avec la hausse de la TVA à 15,5 % dès mai 2025. Une décision controversée, adoptée de justesse au Parlement, qui vise à financer les services publics et relancer l’économie dans un contexte de tensions sociales et de croissance fragile.

Le Parlement sud-africain a récemment adopté un budget 2025/2026 qui fait déjà couler beaucoup d’encre. En cause, une mesure phare : la hausse progressive de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui passera de 15% à 15,5% dès le 1er mai 2025, avant d’atteindre 16% en avril 2026. Ce choix du gouvernement, largement débattu au sein de la classe politique, vise à répondre à des besoins urgents de financement public, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures. Une réforme qui s’inscrit dans un contexte économique tendu, mais qui se veut porteuse d’un nouvel élan pour l’Afrique du Sud.

Un budget adopté de justesse malgré la controverse

Mercredi 2 avril 2025, le Parlement a voté en faveur du budget national 2025/2026 par 194 voix contre 182. La faible marge d’approbation témoigne des vives tensions autour de la mesure phare de ce budget : l’augmentation de la TVA, impôt indirect qui touche l’ensemble des consommateurs. Portée par le ministre des Finances, Enoch Godongwana, cette décision s’explique par une volonté de combler le déficit budgétaire et de faire face à l’explosion des besoins dans les services publics. Le budget global s’élève à 2 592,3 milliards de rands, soit environ 136,3 milliards de dollars.

L’un des objectifs principaux de cette hausse de la TVA est de renforcer les services publics, dans un pays où les inégalités sociales restent criantes. Le gouvernement prévoit notamment une enveloppe de 284,7 milliards de rands pour les subventions sociales destinées à près de 28 millions de bénéficiaires, et un budget croissant pour la santé, qui passera de 277 milliards en 2024/2025 à 329 milliards en 2027/2028. L’éducation de base et le développement de la petite enfance sont également prioritaires, avec 19,1 milliards de rands alloués aux salaires des enseignants. Ces investissements sociaux nécessitent une mobilisation rapide de ressources supplémentaires, d’où la nécessité, selon les autorités, de revoir la fiscalité à la hausse.

Infrastructures, énergie et défense : les autres grands chantiers

Outre les services sociaux, le gouvernement mise sur les infrastructures pour relancer la croissance. Plus de 1 000 milliards de rands seront injectés dans des projets de transport, de logistique, d’eau, d’assainissement et d’énergie au cours des trois prochaines années. Ces investissements visent à libérer la capacité productive de l’économie sud-africaine et à atténuer les effets de la crise énergétique chronique. Le ministère de la Défense n’est pas en reste, avec un budget de 9,4 milliards de rands, incluant un soutien aux missions de maintien de la paix, notamment en République démocratique du Congo sous l’égide de la SADC.

Le ministre Godongwana a souligné que ce nouveau budget vise à « maintenir la stabilité macroéconomique » tout en accélérant les réformes structurelles. Avec un excédent budgétaire prévu de 0,9% en 2025/2026 (contre 0,5% estimé en 2024/2025) et une stabilisation de la dette publique à 76,2% du PIB, le gouvernement se montre optimiste. Le coût du service de la dette reste cependant élevé, à 389,6 milliards de rands. Malgré une croissance économique limitée à 0,6% en 2024, le FMI prévoit une reprise à 1,5% en 2025, portée par la consommation privée et la stabilité de la production d’électricité.

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Une hausse de TVA aux effets ambivalents

Si le gouvernement présente cette hausse comme un levier de développement, elle suscite néanmoins des inquiétudes au sein de la population. Une augmentation de la TVA affecte directement le pouvoir d’achat, en particulier des ménages les plus modestes. Dans un pays où le chômage reste élevé et l’inflation pèse déjà sur les prix des produits de base, cette décision pourrait accentuer la précarité sociale. Reste à savoir si les investissements annoncés produiront les effets escomptés sur le long terme et permettront de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions publiques.

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