Le sommet de l’ONU sur les Pays les Moins Avancés (PMA), met en cause les engagements trahis des nations industrielles. Il y a dix ans elles s’engageaient à consacrer 0,2% de leur PNB aux PMA. L’aide du Nord a été en réalité cinq fois moins importante que prévue.
Oui ou non à un new deal ? C’est en tous cas le principal enjeu du sommet des Pays les Moins Avancés (PMA) organisé par l’ONU, qui se déroule à Bruxelles jusqu’au 20 mai. Cette troisième conférence des PMA s’est en effet ouverte lundi sur un constat d’échec des politiques menées depuis sa création en 1981. De 25 en 1971, le nombre de ces pays où le revenu par an et par habitant n’excède pas les 900 dollars est passé de 25 à 49 en 2002. Seuls onze d’entre eux dépassent les 500 dollars.
Le Secrétaire général de l’ONU; Koffi Annan, n’est pas le dernier à constater l’échec de l’aide internationale : » En 20 ans au lieu de se raccourcir, la liste des PMA s’est allongée « , a-t-il déclaré. Le président français, Jacques Chirac, ne l’a pas contredit, mettant en cause les promesses non tenues des pays riches : » En 1990, nous nous étions engagés à consacrer aux PMA 0, 2% de notre PNB. Nous sommes loin du compte, 0,09 en réalité, 0,062 pour la France. A l’exception remarquable de certains pays nordiques et des Pays-Bas, les pays de l’OCDE ont diminué leur aide de près de moitié au cours des dix dernières années « .
Mea culpa sans nuances mais…
Le mea-culpa sans nuances annonce-t-il pour autant un sursaut des nations industrielles, comme le préconisait un rapport de la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) en octobre dernier? Rien n’est moins sûr. Certes, l’Europe (emboîtant le pas des USA qui ont voté une loi commerciale en mars dernier, exonérant de taxes les importations de vêtements des PMA… à condition qu’ils les confectionnent avec du coton américain), s’est engagée dans un programme, cette fois nettement plus généreux que celui de Washington, intitulé » Tout sauf des armes « . L’exonération douanière touche l’ensemble des produits manufacturés ou non qu’importent les PMA. A l’exception notable du riz, de la banane et du sucre, jugés stratégiques pour les Antilles, la plaine du Pô et le pays valencien.
Certes, l’UE (encore) a décidé l’an dernier de réduire d’un milliard d’euros la dette des PMA. Mais le geste reste dérisoire au vu des 29 milliards d’euros que les PMA doivent encore à Bruxelles. Ce serait illusoire de croire qu’il permettrait d’inverser la spirale de la pauvreté dans laquelle s’enfoncent les pays les plus pauvres de la terre.
Dans un rapport préparatoire à la conférence de Bruxelles, l’institution concluait : » un allégement de la dette ne suffit pas » au vu des handicaps criants des PMA qui appellent à une politique plus volontariste. A ce stade l’enjeu de ce sommet qui engage l’avenir de 630 millions d’êtres humains réside dans un plan drastique de réduction de la misère des PMA, adopté par l’ensemble des nations industrielles. Ensuite, il faudra que ces dernières respectent leurs engagement. Mais comme l’ont rappelé crûment le secrétaire général de l’ONU et le président français, ce n’est pas encore gagné.