Bruit de bottes à Abidjan


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Abidjan retient son souffle depuis trois heures du matin. Au moment où nous mettons en ligne, 9 heures à Abidjan (11 heures à Paris), la capitale économique de Côte d’Ivoire est le théâtre de combats entre des gendarmes démobilisés et l’armée officielle. Les rues sont désertées.

Plus aucun policier ou civil dans les rues d’Abidjan ce jeudi. Depuis 4 heures du matin, des gendarmes démobilisés, au nombre de 700 selon diverses sources concordantes, ont investi de force les rues de la ville en tirant en l’air avec des armes légères. Mutinerie ou coup d’Etat ?  » Ce n’est pas important de qualifier ce qui se passe, ce qui importe c’est de gérer la situation et on essaye de gérer la situation et de ramener le calme « , déclare le Premier ministre ivoirien, Affi N’Guessan. Les tirs ne seraient pas limités à Abidjan mais concerneraient aussi Bouaké et Korhogo. Contacté par Afrik, un habitant résidant dans le quartier des ambassades et de la présidence, témoigne que des échanges très nourris à l’arme lourde entre les mutins et l’armée officielle ont duré plusieurs heures avant de s’arrêter vers 8 heures.

La rébellion des gendarmes

La gendarmerie a joué un rôle essentiel pour porter au pouvoir l’actuel président Laurent Gbagbo à la fin 2000, alors que la junte militaire du général Guei, aux commandes du pays depuis le putsch de 1999, tentait de lui contester sa victoire aux élections. Les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) comptent environ 18 000 hommes, dont quelque 8 000 gendarmes. Le président ivoirien, en visite en Italie où il doit rencontrer le pape, a décidé de ne pas bousculer son programme.  » Le Président a été informé dès les premières minutes de ce qui se passait et il a donné des instructions pour rétablir l’ordre. Il a décidé de poursuivre sa visite officielle et son programme se déroulera comme prévu », affirme à l’Afp Alain Toussaint, conseiller en communication de Laurent Gbagbo.

Un coup d’Etat militaire, le premier de l’histoire de cette ancienne colonie française, avait eu lieu en Côte d’Ivoire en décembre 1999. Le général Robert Gueï avait pris le pouvoir, renversant le président Henri Konan Bédié.

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