Un monarque nigérian célèbre le retour des trésors historiques volés, une restitution symbolique au royaume de Bénin.
Dans une atmosphère empreinte de fierté et d’émotion, le palais royal de Benin City, au sud du Nigéria, a récemment accueilli la restitution de deux objets d’une valeur inestimable. Des représentants du Stanley Museum of Art de l’Université de l’Iowa ont remis, le mardi 16 juillet 2024, une plaque en laiton et une sculpture en bois et en fer à l’Oba, l’autorité traditionnelle du royaume de Bénin. Ces objets avaient été volés par les Britanniques à la fin du XIXe siècle.
Des trésors aux profondes racines spirituelles et artistiques
La plaque en laiton représente un officier de haut rang avec son épée de cérémonie, tandis que la sculpture de la poule, en bois et fer, aurait probablement été dédiée au culte des ancêtres maternels. Pour l’Oba Ewuare II, ces artefacts ne sont pas de simples objets, mais des symboles porteurs d’une grande importance spirituelle et artistique. « J’espère que les autres musées d’Amérique suivront cet exemple« , a-t-il déclaré devant la presse, soulignant l’importance de cette restitution pour le peuple béninois.
En 1897, lors de l’incursion des troupes coloniales britanniques dans le palais royal de Benin City, des milliers d’objets furent pillés. Ces trésors, principalement des plaques de laitons sculptées appelées bronzes du Bénin, fabriquées entre le XVIe et le XVIIIe siècle, se retrouvent aujourd’hui dispersés dans des musées et collections privées aux États-Unis et en Europe.
Le conservateur en art africain du Stanley Museum of Art a rappelé que « la violence et la perte associées à ces objets ne pourront jamais être oubliées« , soulignant ainsi l’importance de ce geste de restitution pour le travail de mémoire en cours.
Le rôle du British Museum dans la restitution des artefacts
Actuellement, plus de 900 objets de l’ancien royaume du Bénin sont encore détenus par le British Museum à Londres. Bien que l’institution se dise ouverte aux discussions avec ses partenaires nigérians, elle n’évoque sur son site que la collaboration pour la création de nouveaux musées à Benin City et la facilitation d’expositions permanentes. La question de la restitution complète reste donc en suspens.
Selon un rapport de Felwine Sarr et de Bénédicte Savoy commandé par le président français Emmanuel Macron en 2018, de 90 à 95 % du patrimoine artistique et culturel de l’Afrique se trouve hors du continent, principalement dans des musées européens et américains. Cette restitution récente est donc un pas symbolique mais crucial vers la récupération du patrimoine africain.
L’engagement continu pour la restitution
L’ancien président nigérian Muhammadu Buhari avait déjà annoncé en 2023 que tous les artefacts restitués seraient remis à l’autorité traditionnelle de l’ancien royaume du Bénin, aussi appelé royaume d’Edo, et non à l’État fédéral nigérian. Cet engagement est essentiel pour garantir que ces trésors retrouvent leur contexte d’origine et leur signification culturelle.