
Brice Oligui Nguema, artisan du coup d’État de 2023 au Gabon, accède à la présidence avec un score écrasant de 94,85 %. Une victoire validée sans contestation, mais qui interroge sur la réalité du processus démocratique et sur les défis immenses qui l’attendent.
Le Gabon tourne officiellement la page de la transition politique ouverte après le coup d’État d’août 2023. Ce vendredi 25 avril, la Cour constitutionnelle a validé les résultats de l’élection présidentielle du 12 avril, donnant une victoire massive à Brice Oligui Nguema avec 94,85 % des suffrages. Ancien général et tombeur de la dynastie Bongo, il entamera son mandat le 3 mai à Libreville. Mais ce score presque soviétique, bien qu’aucun recours n’ait été déposé, soulève déjà des questions sur la nature réelle de cette légitimation électorale.
Une élection sans surprise après une transition militaire maîtrisée
Brice Oligui Nguema avait promis une transition courte et apaisée après avoir renversé Ali Bongo en août 2023. Dix-neuf mois plus tard, il accède à la présidence par les urnes, après avoir troqué son uniforme de militaire pour un costume de civil. L’élection présidentielle du 12 avril, première depuis la chute de la famille Bongo, a vu une forte mobilisation, avec un taux de participation de 70,11 %. Mais le plébiscite est sans appel : 94,85 % des voix pour Oligui Nguema, loin devant son principal rival Alain-Claude Bilie-By-Nze (3,11 %). Aucun des six autres candidats n’a franchi la barre des 1 %.
Fait notable : aucun recours n’a été enregistré devant la Cour constitutionnelle. Pourtant, certaines voix critiques, notamment celle de Bilie-By-Nze, ont dénoncé une campagne déséquilibrée et des conditions opaques. Mais sans actions judiciaires concrètes, la validation des résultats s’est faite sans accroc, offrant au général devenu président une légitimité institutionnelle. Cette absence de contestation pourrait traduire une résignation ou une stratégie politique d’attente, dans un contexte où le pouvoir semble largement consolidé.
Un mandat de rupture annoncé, des attentes immenses
Désormais officiellement élu, Brice Oligui Nguema promet de transformer le Gabon. Ses priorités affichées sont claires : relancer les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et du tourisme pour sortir de la dépendance aux revenus pétroliers. Ce programme ambitieux s’inscrit dans une volonté de rupture avec les pratiques passées, après 55 ans de règne de la famille Bongo. Reste à voir si cette transition politique annoncée comme démocratique saura s’incarner dans les faits et répondre aux attentes profondes des Gabonais en matière de transparence, de justice sociale et de développement économique.
L’investiture de Brice Oligui Nguema est prévue pour le 3 mai à Libreville, quelques jours après sa participation annoncée aux obsèques du pape François à Rome. Ce calendrier symbolique marque l’entrée du Gabon dans une nouvelle ère, où le pouvoir issu d’un coup d’État tente désormais de s’ancrer dans la légitimité populaire. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est la capacité du nouveau président à instaurer une gouvernance véritablement démocratique, équitable et inclusive qui définira le véritable tournant de cette séquence politique inédite.