Brice Hortefeux fait le bilan de sa politique d’immigration


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La France a expulsé quelque 18 600 sans-papiers durant les dix premiers mois de l’année 2007. Le ministre de l’Immigration l’a révélé jeudi, en même temps qu’il précisait sa politique sur l’immigration et le travail des étrangers. Le parti socialiste a dénoncé une politique de quotas « dangereuse et irresponsable ».

Par Awa Traoré

La France atteindra-t-elle son objectif de 25 000 clandestins expulsés d’ici fin décembre ? Le ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du Co-développement n’a pas répondu à cette question, jeudi, où il a présenté le « point d’étape » de ses six mois à la tête du ministère controversé. Brice Hortefeux a en revanche signalé que quelque 18 600 sans-papiers avaient été « éloignés » sur les dix premiers mois de l’année 2007.

Plus que des chiffres et des lettres

Ce chiffre est en baisse par rapport à l’année 2006 où, pendant la même période, 23 800 personnes avaient fait l’objet d’une procédure d’« éloignement ». Brice Hortefeux a justifié ce recul par les résultats insuffisants réalisés avant mai 2007, soit avant son arrivée au ministère, et par la régularisation des immigrés illégaux roumains et bulgares, suite à l’entrée de leur pays dans l’Union européenne. Le ministre a par ailleurs ajouté que, de janvier à octobre, les expulsions de la métropole couplées à celles de l’Outre-Mer atteignent 39 982, ce qui représente une légère hausse par rapport à 2006. Le Parti socialiste s’est empressé de dénoncer « la pression exercée sur l’administration pour atteindre les objectifs démagogiques de 25 000 reconduites par an ». Il la juge « dangereuse et irresponsable » et rappelle qu’elle « a déjà conduit à des drames humains ».

Démentant des rumeurs selon lesquelles le quota d’expulsions qui sera fixé en 2008 sera beaucoup plus élevé, le ministre de l’Immigration a assuré que « la politique que l’on entend mener ne se réduit ni à des chiffres ni à des lettres ». Une allusion à la vive polémique suscitée par le projet de loi sur le recours aux tests ADN dans le cadre du regroupement familial. Un projet de loi finalement adopté dans une version très édulcorée. Côté régularisations, Brice Hortefeux a déclaré que 191 475 titres de séjour avaient été délivrés l’an passé, soit un recul de 5% en trois ans.

Chasse aux patrons et employés illégaux

Concernant le travail clandestin, le ministre a annoncé l’interpellation de 332 employeurs sur les neuf premiers mois de l’année. Cela représente une augmentation de 87,6% par rapport à 2006, où 177 patrons avaient été appréhendés. Quant aux employés illégaux, 819 ont été arrêtés entre janvier et septembre 2007 contre 510 en 2006. La question du travail régulier des étrangers a également été abordée. Brice Hortefeux a présenté la carte « compétence et talent », qui s’adresse aux non nationaux « utiles » à la France, et indiqué qu’il déterminera les métiers et zones du pays « prioritaires » avec le concours des branches professionnelles.

Cette immigration de travail sera « choisie ». Quatre-vingt-neuf nouvelles professions seront ouvertes aux travailleurs de l’Union européenne, ce qui portera à 150 celles pour lesquelles ils peuvent postuler. Brice Hortefeux a précisé qu’aucun des 89 métiers sera peu qualifié car « avant de recourir à une main d’œuvre étrangère, il faut d’abord accompagner vers l’emploi les chômeurs présents en France, qu’ils soient Français ou étrangers. Je n’oublie pas que le taux de chômage des étrangers est supérieur à 20% ». A noter que, dans certains domaines, la France devrait signer des accords spécifiques avec des pays comme le « Congo et les Philippines ».

Le ministre de l’Immigration a rappelé que la « seule solution » pour « maîtriser les flux migratoires » était de mettre l’accent sur le co-développement. Pour l’année 2008, il disposera de 29 millions d’euros de crédits de paiement et de 60 millions d’autorisation d’engagement pour mettre en œuvre ses projets, d’après le quotidien français Libération. Brice Hortefeux en espérait plus. Il comptait notamment récupérer l’Aide publique au développement qui, elle, se chiffre en milliards. Toujours d’après Libération, le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du Co-développement aurait par ailleurs pour projet d’intégrer le conseil d’administration de l’Agence française au développement. Ce qui ne réjouirait pas l’organe concerné.

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