En exhortant mardi les préfets à tenir leurs objectifs chiffrés en matière de reconduites à la frontière, le ministre de l’Immigration français Brice Hortefeux assume les drames à venir, comme celui d’Ivan, tombé d’un balcon en tentant de fuir des policiers venus l’interpeller chez lui.
C’est la rentrée. Et si les interpellations de ressortissants étrangers en situation irrégulière n’ont pas cessé en France, durant les vacances d’été, le ministre français de l’Immigration Brice Hortefeux a rappelé ce mardi les objectifs chiffrés de son ministère en terme de reconduites à la frontière. Actuellement, la tendance est « légèrement en dessous » des 25 000 reconduites prévues pour 2007, a-t-il prévenu à l’occasion d’une visite à la préfecture de police de Paris.
« C’est pour cela qu’il faut redoubler d’efforts pour interpeller les personnes en situation irrégulière ». Il a ainsi encouragé le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, à « augmenter de façon significative le nombre d’interpellations d’étrangers en situation irrégulière ». Son objectif dans la capitale : 3 680 reconduites.
Les drames à venir assumés
Ce même mardi, Ivan est sorti du coma. L’adolescent russe d’origine tchétchène avait chuté le 9 août dernier d’un balcon alors qu’il tentait avec son père de fuir les policiers venus interpeller sa famille à son domicile. Les objectifs chiffrés fixés aux fonctionnaires de police avaient alors été mis en cause. SOS Racisme a ainsi réagi mardi en estimant que les déclarations du ministre « risquent de favoriser les bavures et les atteintes au droit des personnes ».
Pour de nombreux spécialistes des questions d’immigration, les risques de plus en plus important pris lors d’interpellations d’étrangers se justifient difficilement lorsque leur augmentation par années est rapportée au nombre estimé d’étrangers en situation irrégulière vivant en France – entre 200 000 et 400 000 selon le ministère de l’Intérieur – et aux sans-papiers qui y entrent chaque année – entre 80 000 et 100 000 selon l’Intérieur.
Après l’accident survenu à Ivan, si la classe politique française, gouvernement et président de la République en tête, avait exprimé sa « compassion », le Premier ministre François Fillon avait vite précisé que « la politique de l’immigration (…) nécessite une fermeté et un engagement fort de tous les agents de l’Etat ». Une façon d’assumer les drames à venir à laquelle vient de s’associer Brice Hortefeux. Signe de leur fermeté, les autorités ont interpellé mardi 42 sans-papiers grévistes de la faim dans la métropole Lilloise. Certains pourraient rapidement être expulsés, comme l’ont été jeudi dernier deux ressortissants Guinéens.