Brenda Biya brise le silence : un coming-out historique pour l’Afrique


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Brenda Biya - Instagram
Brenda Biya - Instagram

Après avoir révélé son homosexualité le 30 juin dans un post Instagram, Brenda Biya, fille du président camerounais Paul Biya, a expliqué les raisons de son acte le 2 juillet dans les colonnes du journal français Le Parisien. Cette annonce retentissante a frappé de plein fouet le Cameroun, où l’homosexualité demeure un crime passible de cinq ans d’emprisonnement. Plus largement, cette annonce a des répercussions sur toute l’Afrique.

Le 30 juin 2024, sous le pseudonyme de King Nasty, Brenda Biya avait déjà affirmé son amour pour une femme sur les réseaux sociaux, partageant une photo d’un baiser accompagnée d’un message passionné. Face aux réactions passionnées de cette publication, Brenda Biya a décidé de se livrer dans au quotidien français Le Parisien. Dans un entretien poignant, elle raconte son histoire, explique son orientation sexuelle, qu’elle dit avoir découverte à l’adolescence. Elle évoque avec franchise son parcours semé d’embûches pour s’accepter, confrontée à une société intolérante. Son geste a été salué par les militants LGBTQ+ à travers l’Afrique, qui y voient un symbole d’espoir pour ceux vivant dans l’ombre de lois répressives.

Des réactions polarisées pour un continent divisé

Comme souvent, certains ont applaudi son courage et d’autres ont exprimé leur désapprobation, allant jusqu’à réclamer des sanctions. L’homosexualité est, en effet, encore punie d’une peine d’emprisonnement au Cameroun. Brenda Biya reste néanmoins déterminée, espérant que son témoignage ouvrira la voie à une évolution des mentalités et à une législation plus équitable pour la communauté LGBTQ+ en Afrique car de nombreux pays maintiennent des lois répressives. Au total, près de la moitié des pays africains ont encore une réglementation condamnant l’homosexualité :

  • Au Nigeria, l’homosexualité peut être punie de mort dans certaines régions.
  • L’Ouganda applique des peines d’emprisonnement à vie.
  • En Tanzanie, les persécutions sont fréquentes, avec des peines allant jusqu’à 30 ans de prison.
  • L’Afrique du Sud fait figure d’exception, mais les discriminations persistent malgré la légalisation.
  • Au Sénégal, la relation à l’homosexualité reste complexe, comme l’a récemment montré les prises de position du Premier ministre, Ousmane Sonko, qui en faisant preuve de tolérance a été attaqué par les conservateurs du pays.

Au pouvoir depuis 1982, le régime de Paul Biya est régulièrement critiqué pour ses atteintes aux droits humains, notamment ceux des LGBTQ+. Human Rights Watch a dénoncé en 2013 les arrestations arbitraires basées sur de simples soupçons d’homosexualité.

L’écho médiatique

Si les médias internationaux ont largement relayé le coming-out de Brenda Biya, sensibilisant ainsi à la cause LGBTQ+ en Afrique, la presse locale a offert un éventail de réactions contrastées. Mais le geste de Brenda Biya marque un tournant dans la lutte pour les droits LGBTQ+ au Cameroun. Sa position privilégiée devrait la protéger et ainsi forcer à une évolution d’une réglementation rétrograde.

Cette visibilité accrue pourrait catalyser un dialogue ouvert et, à terme, un changement des mentalités et des lois discriminatoires au Cameroun et au-delà.

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