C’est le constat fait hier, au premier jour des Etats généraux de la presse francophone : le manque de ressources financières et le manque de formation des journalistes freinent le développement de la presse en Afrique. Remèdes invoqués : la démocratie, la reconnaissance du rôle social des médias et l’aide des pays du Nord.
Propagandistes, partisans ou sensationnalistes, les journaux africains n’ont souvent pas bonne presse. Pas assez de moyens financiers, pas toujours assez de professionnalisme : de lourds boulets entravent le développement de la presse en Afrique, qui était hier au menu des participants aux Etats généraux de la presse africaine, organisés cette semaine à Brazzaville par l’Union internationale des journalistes et de la presse de langue française.
Pour Marc Joseph Omgba, directeur de l’Ecole supérieur des sciences et techniques de l’information et de la communication de Yaoundé (Esstic), le salut passe par la combinaison de trois facteurs : la démocratie, la reconnaissance du rôle social de la presse et l’aide de la communauté internationale.
La crise de confiance est patente entre les médias africains et ceux qui les consomment. Beaucoup de journaux, allant à l’encontre des règles élémentaires d’objectivité, sont d’abord les vecteurs de luttes d’influence ou de règlements de compte : » Une situation que l’on doit à un manque de formation des journalistes », analyse Marc Joseph Omgba, à qui il revenait mardi d’ouvrir ces Etats généraux annuels.
Si on ne sait plus souvent à quel saint se vouer en matière d’information, la presse africaine pâtit également d’autres affres, et non des moindres, puisqu’ils sont financiers. L’étroitesse du marché publicitaire, mais aussi le prix des matières premières souvent importées, réduisent à la portion congrue la marge de manoeuvre des directeurs de journaux dans la gestion de leurs titres.
Un travail national, une aide internationale
» La presse africaine reste fragile « , analyse M. Omgba. Pour le directeur de l’Esstic, la démocratie, terreau fertile des libertés individuelles et notamment de la liberté d’expression, est la première condition d’un développement des médias. Aux autorités publiques ensuite de percevoir l’importance de la presse en tant que liant d’une société saine ouverte au débat entre les citoyens entre eux d’abord, entre les citoyens et l’Etat ensuite.
Mais l’Afrique n’y arrivera pas seule. C’est accompagnée par les pays du Nord qu’elle réussira son développement. Elle attend une aide en équipements d’une part, pour permettre aux journalistes de travailler avec de bons outils, mais également une aide en matière de formation, pour un meilleur professionnalisme des équipes de rédaction. A ces conditions, la presse africaine pourra demain relever la tête.
L’analyse de Marc Joseph Omgba est réaliste et cohérente, encore qu’elle ne fasse aucun cas de questions peut-être essentielles sur le lectorat africain. Le manque de ressources financières des journaux pourrait bien, par exemple, s’expliquer aussi par un faible pouvoir d’achat des ménages ou des considérations encore plus prosaïques relatives à l’alphabétisation de la population.
Retrouvez notre article de présentation des Etats généraux