Mugabe ne veut pas d’observateurs européens pour surveiller le scrutin présidentiel du 9 et 10 mars prochain. En se rendant directement sur place, le chef de la délégation des Quinze espérait mettre le gouvernement zimbabwéen devant le fait accompli. Peine perdue. L’Europe menace le pays de sanctions.
Le Royaume Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande et le Danemark sont persona non grata au Zimbabwe. Du moins pour ce qui est des observateurs européens pour surveiller le scrutin présidentiel du 9 et 10 mars prochain. Pour l’avoir ignoré, en envoyant sur place le Suédois Pierre Schori comme chef de la délégation des Quinze, l’Europe s’est vu imposer un veto total de la part des autorités. Le bras de fer est engagé.
Qui de Robert Mugabe, l’actuel chef de l’Etat, ou de Morgan Tsvangirai, le leader du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), le principal parti d’opposition, sera le nouveau président de la République du Zimbabwe ? La communauté internationale craint que Mugabe, au pouvoir depuis 22 ans, ne soit pas tout à fait disposé à laisser sa place avec fair-play et à se plier à un juste verdict des urnes. Pour garantir une transparence dans le processus électoral, le gouvernement a consenti à accréditer une délégation d’observateurs étrangers. Mais pas n’importe lesquels.
Une délégation conjointe sinon rien
Si les autorités zimbabwéennes acceptent des observateurs sur son territoire elles entendent le faire à leurs conditions. Il s’agira d’une délégation conjointe entre des membres de l’Union Européenne(UE) -sans la présence britannique- et des membres du groupe ACP (Afrique, Caraïbe et Pacifique). Il n’y aura en aucun cas de délégation européenne spécifique. Une Europe dont certains pays, au premier rang desquels la Grande Bretagne, sont accusés d’imposer au pays » une relation coloniale archaïque « .
L’UE, qui avait accepté qu’aucun britannique ne figure dans sa délégation, a toutefois tenté de faire cavalier seul en dépêchant mardi Pierre Schori dans le pays, sans membre du groupe ACP. Le Suédois, déjà à la tête d’une mission d’observation européenne en juin 2000 pour les législatives zimbabwéennes, prenait » pour acquis » une accréditation qu’il n’aura finalement pas. Ni lui, ni personne, menacent les autorités, si l’UE persiste dans cette voix. De l’autre côté le ton monte et l’on parle déjà de sanctions à l’encontre du régime. Interdiction de séjour en Europe pour Mugabe et ses proches, gel des avoirs dans l’UE, suspension des aides à long terme au développement : l’arsenal est vaste. Reste simplement à savoir s’il sera effectivement utilisé.