Le procureur général égyptien Abdel Meguid Mahmoud défie le président Mohamed Morsi. Le magistrat refuse de démissionner après avoir été démis de ses fonctions par le président. Qui aura le dernier mot ?
Nouveau coup d’éclat en Egypte. Au Caire, le procureur général Abdel Meguid Mahmoud a été démis de ses fonctions par le président Mohamed Morsi. Le magistrat fait l’objet de critiques virulentes après l’acquittement, le 11 octobre, des 24 prévenus dans l’affaire dite de la « bataille du chameau ». Un épisode sanglant du soulèvement populaire en Egypte. Des hommes de main du régime à dos de chameau s’en étaient pris violemment aux manifestants le 2 février 2011.
Cent jours après son élection, Morsi veut placarder Mahmoud au poste d’ambassadeur d’Egypte au Vatican et a chargé l’un des adjoints du procureur de prendre la relève au poste de procureur général, annonce la presse locale. Seulement, Abdel Meguid Mahmoud a annoncé jeudi soir qu’il refusait de démissionner de son poste. Ce dernier affirme que la loi n’autorise pas le pouvoir exécutif à démettre de ses fonctions un personnel du corps judiciaire.
« Je reste à mon poste »
La décision de Morsi a été saluée par les libéraux pourtant méfiant à l’égard de la confrérie des Frères musulmans. Ils craignent une islamisation progressive de l’Egypte. L’acte d’amnistier des personnes arrêtées pour avoir soutenu le soulèvement égyptien a également été vu d’un très bon œil par ces derniers. Et pour davantage calmer la colère du peuple, le président égyptien entend pousser le magistrat à l’exil, et en l’occurrence au Vatican afin d’y occuper le poste d’ambassadeur d’Egypte. Mais cette décision ne plaît pas à tous, et en particulier au principal intéressé.
« Je reste à mon poste », a ainsi déclaré jeudi soir à la presse Abdel Meguid Mahmoud. Et de se justifier : « selon la loi, un membre du corps judiciaire ne peut pas être démis par le pouvoir exécutif ». En poste depuis sept ans, ce cacique de l’ancien régime est accusé d’avoir délibérément dissimulé les preuves du dossier ayant permis la condamnation des anciennes figures du régime déchu. La Cour pénale a jugé « insuffisantes » les preuves contre les 24 accusés. Ces accusations portées contre Mahmoud ne sont pas inédites. Celui-ci avait déjà été critiqué pour plusieurs acquittements prononcés en faveur de responsables dans des cas de corruption et de torture.
Les Frères musulmans ont appelé à manifester vendredi au Caire pour que soient jugés les responsables de la mort de manifestants. Mohamed Morsi n’a pas le choix. Il doit gagner ce bras-de-fer au risque d’être décrédibilisé et accusé par le peuple de plier sous les menaces de figures de l’ancien régime.